Film d’animation de Mamoru Hosoda, 1h57.
Sorti en salles en France le 29 août 2012, en DVD/BluRay le 5 juin 2013.
Six mois après sa sortie en salles (mais pas à Annecy même pour le Festival Télérama), c’est finalement grâce à un festival de films pour enfants (argh…) que j’ai enfin pu voir Les enfants loups, Ame & Yuki, le dernier film de Mamoru Hosoda, après les déjà très sympathiques La traversée du temps et Summer Wars. Si le public très jeune de la salle a eu un peu de mal à tenir en place durant deux heures, j’ai quant à moi pu découvrir un très beau film, confirmant encore une fois tout le bien que je pense de ce réalisateur.
Hana est étudiante quand elle le rencontre sur les bancs de la fac. Un peu mystérieux et discret au départ, il finit par se dévoiler à elle, lui révélant au passage son grand secret qui l’a toujours tenu à l’écart des autres. Il est le dernier homme-loup. Très vite, deux enfants naissent, Yuki puis Ame. Mais quand Hana se retrouve seule pour les élever, c’est loin de la ville qu’elle finit par s’installer…
Dès la première image, choc. C’est beau. Ce premier plan sur ce champ de fleurs est à l’image du reste du film, une douce féerie qui ne va pas cesser de dévoiler plusieurs facettes tout en parvenant à rester parfaitement cohérente.
Cela commence comme un conte de fée, une belle histoire d’amour sans aucune mièvrerie, une jolie bulle d’émotion entre deux êtres qui se découvrent. Mais le conte n’a pas de happy end et on enchaîne directement sur l’apprentissage d’une jeune mère-courage qui doit rapidement se relever pour donner une chance à ses enfants pas ordinaires de pouvoir vivre un quotidien loin de tout danger lié à leur petite différence. Un quotidien très verdoyant, un peu à la manière de Petite forêt de Daisuke Igarashi, où le choix de vivre loin de tout passe de “simple obligation indispensable pour éviter les rencontres malheureuses” à “meilleure idée de l’année” dès que le voisinage devient un soutien plutôt qu’un ennemi à garder éloigné.
Enfin, on termine sur les derniers instants d’enfance et d’innocence d’Ame et Yuki, qui doivent alors choisir leur voie, leur monde, la vie qu’ils veulent suivre, quitte à y sacrifier une partie d’eux-mêmes…
Comme dans ses précédents films, Hosoda parvient à mêler habilement les belles touches d’émotion, les éclats de rire, les petits moments contemplatifs, sachant gérer ses personnages au fil des relations qui évoluent, avec beaucoup de sensibilité et de subtilité. Certaines scènes auraient pu très facilement basculer dans le mélo lourd et larmoyant, elles sont au contraire gérées avec beaucoup de justesse, de pudeur et de délicatesse, les rendant d’autant plus poignantes qu’elles ne sont pas trop appuyées. Le rude quotidien de Hana devenue jeune maman ne tombe jamais dans le pathos plein de bons sentiments geignards, le personnage gardant toujours sa fraîcheur et sa volonté d’avancer, courageuse sans paraître pour autant totalement invincible ou infatigable, simplement volontaire pour l’amour de ses deux marmots. Des gamins tout aussi attachants que leur mère, tour à tour hilarants et touchants, découvrant petit à petit leur différence sans atermoiement inutile, comprenant rapidement qu’ils vont devoir choisir leur camp : humain ou animal, et en accepter toutes les conséquences, aussi douloureuses soient-elles.
Les deux heures sont largement remplies, au fil des années qui passent dans la vie de cette petite famille pleine d’énergie, devant faire face à un quotidien pas évident mais riche en découvertes et en rencontres sans lesquelles leur existence serait nettement plus compliquée encore. On retrouve la tendresse mélancolique, la gravité douce-amère, la soif de vie et l’énergie communicative des précédents films de Hosoda, avec cette belle touche de poésie et d’humanité avec lesquelles il parvient à dépeindre des personnages riches et chaleureux. Pas de bons sentiments mielleux, de gros méchants caricaturaux, juste un quotidien fait de hauts très joyeux et de bas qu’il faut dépasser pour continuer à avancer, au gré du temps qui passe, des vies qui se touchent et qui se lient.
Un très beau film, doux et tendre, dont on ressort avec un grand sourire et une petite boule cachée au fond de la gorge.