Série en 6 tomes par Yoko Fujitani, éditée en VF par Akata.
Sens de lecture japonais, 127x180mm, 8,05€.
Premier tome paru en mai 2018.
Le même mois qu’Aromantic (Love) Story, Akata nous propose une autre nouveauté, Whispering, les voix du silence de Yoko Fujitani.
Kôji a tout du lycéen banal typique de manga. Le mec blagueur, un brin dragueur, pas très sérieux. Mais il cache un secret : quand il était enfant, il pouvait entendre les pensées de tout ce qui l’entourait, objets comme êtres vivants, d’un simple contact. Mais il a perdu cette capacité en grandissant. Il rencontre alors le jeune Daichi, qui semble avoir le même pouvoir…
C’est ici un manga très doux et bienveillant qu’Akata nous propose de découvrir.
Si au départ, Kôji n’est pas forcément très sympathique, on se rend vite compte qu’il joue en fait un personnage qu’il s’est créé suite à ce qu’il a connu durant son enfance. Il a très mal vécu son pouvoir, guère aidé par un entourage apparemment plus effrayé et fuyant que positif et accueillant, et a enfermé cette partie plus sensible de lui pour se protéger de la solitude et de la souffrance qu’elle peut entraîner. Ne voulant plus être différent, il a effacé cette facette de lui pour être le plus lisse et banal que possible. Pour se fondre dans la masse.
Sa rencontre avec un gamin démontrant le même don, sans fausse pudeur, fait alors resurgir tout ce qu’il avait tenté de cacher.
Ce premier volume me fait penser à la série Iris Zero (Doki-Doki), où là aussi, le personnage principal est remarquable par rapport à ses congénères : il n’a aucune capacité particulière dans un monde où tous naissent avec un pouvoir. Ce qui l’a poussé lui aussi à se créer un personnage qui semble ne s’intéresser à rien et ne pas vouloir s’impliquer avec qui que ce soit sérieusement.
Dans ces deux séries, il ne se passe en soi pas grand-chose, tout reste très léger, bienveillant, doux… mais pour en fait parler de sujets assez graves, profonds, la solitude, le manque de communication, la difficulté de comprendre l’autre, le poids d’une différence que l’entourage n’accepte pas forcément et les conséquences douloureuses que ça peut avoir sur l’individu concerné, obligé de nier une partie de lui-même dans l’espoir d’être finalement intégré.
La relation qui se créé entre Kôji et Daichi est pleine de tendresse, le petit garçon ayant finalement beaucoup à apprendre à son aîné. Nul doute que les prochains volumes verront leurs liens se renforcer, tandis que chacun pourra évoluer au contact de l’autre. Ainsi, Kôji peut désormais être plus authentique face à ses amis qui jusque-là ne le connaissaient pas vraiment. Et il comprend que don ou pas, il faut un effort de chacun pour se faire comprendre de son entourage, plutôt que rester recroquevillé. Se protéger, oui, mais à quel prix ? Par crainte d’être seul et de souffrir, s’empêcher de créer de véritables liens pour ne pas prendre le risque d’être rejeté et finalement se condamner à une réelle solitude intérieure.
Ce premier tome est donc plutôt une jolie surprise, mignonne, douce et poétique, qui fait remonter l’innocence simple et directe d’une enfance où le mensonge et l’hypocrisie n’ont pas encore trop pris leurs aises. Le personnage que l’on voit brièvement apparaître en fin de tome apportera-t-il réellement quelque chose de plus sombre ou parviendra-t-on à rester dans cette jolie ambiance (comme peuvent le laisser supposer les très jolies couvertures) ?
Le deuxième tome de cette série de 6 volumes est prévu pour le 5 juillet 2018.