Série en cours par Yarô Abe, éditée en VF par Le Lézard noir.
Sens de lecture japonais, 150x210mm, 18,00€.
Premier volume paru en février 2017.
Je m’intéresse de plus en plus aux sorties chez le Lézard noir, notamment les séries de Minetarô Mochizuki comme Chiisakobé, mais également La cantine de minuit de Yarô Abe.
Dans le quartier de Shinjuku, les noctambules peuvent se remplir l’estomac à la cantine de minuit. Un petit restaurant de quelques couverts au comptoir, avec juste un plat au menu. Mais vous pouvez venir entre minuit et sept heures du matin et le patron se fera un plaisir de vous cuisiner ce que vous voulez, dans la mesure du possible…
Les mangas culinaires suivent généralement tous le même schéma : des chapitres courts concentrés sur un plat précis, autour duquel se dévoile une petite intrigue, souvent liée aux clients, à leur passé, à leur vie quotidienne. La cantine de minuit ne déroge pas à la règle, nous proposant de faire connaissance avec le sympathique patron de cette gargote, accueillant avec le sourire aussi bien le fêtard que l’hôtesse, le salary man épuisé que l’étudiant fauché, l’artiste que la strip-teaseuse, le célibataire fataliste que la fiancée éconduite. Autour de plats très simples comme le katsudon, le pot-au-feu, les ramen, le sandwich aux œufs, le curry ou les petites saucisses taillées en poulpe, le patron écoute, conseille, suit le quotidien de ses clients, qu’on finit par retrouver de chapitre en chapitre pour certains. On devient comme eux des habitués de ce comptoir où se jouent toutes les joies et les peines humaines ordinaires.
Au fil de la trentaine de chapitres de ces 300 pages, on pourrait croire rapidement tourner en rond… et pourtant, c’est toujours avec un œil neuf qu’on voit un client passer la porte et demander son hiya-jiru ou ses nouilles sautées de la nuit, attendant avec impatience de voir où cette nouvelle rencontre va nous emmener.
L’atout principal de cette Cantine de minuit, c’est son ambiance. Avec un trait simple et efficace, Yarô Abe nous narre les nuits de ses attachants personnages avec énormément de tendresse et de bienveillance. Nul jugement face aux tracas plus ou moins anodins ou graves qui parsèment la vie de ces tokyoïtes nocturnes, juste un regard sympathique, serein, rassurant, comme une bulle où le temps s’arrête le temps d’un repas.
Et que dire à part que ça donne également faim ! Face à l’appétit parfois démesuré de certain.e.s, on commence à saliver face à cette cuisine simple, quotidienne, cherchant plus à rasséréner l’esprit et remplir le ventre de ces clients parfois très à la marge du système. On découvre des plats, des habitudes qu’on ne connaît pas, tandis que les personnages peuvent se replonger dans leurs souvenirs d’enfance ou espérer accomplir leur rêve.
Bref, ce premier tome de La cantine de minuit se dévore sans aucune retenue, comme un bon plat simple sans chichi. Le volume 2 est prévu pour septembre 2017.
À noter pour les personnes ayant Netflix que la série live qui en a été tirée est disponible sur la plate-forme française.