Série en 6 tomes par Pierre Wazem et Frederik Peeters, édité en VF par les Humanoïdes Associés entre octobre 2003 et novembre 2008, 11,20€ le volume.
Existe également en plusieurs intégrales noir et blanc et couleurs.
Ma version correspond à l’intégrale noir et blanc sortie en mars 2010, 185×260 mm, 280 pages, 24,95€ (plus commercialisée, apparemment).
À l’origine, Koma est parue en version 6 volumes couleurs cartonnés 48 pages classiques avant de connaître plusieurs intégrales, dont celle que l’on m’a offerte, un bon gros pavé de 280 pages noir et blanc sur papier glacé. Ce n’est pas pour me déplaire, je trouve que le noir et blanc permet de mieux apprécier le trait de Frederik Peeters.
Addidas est une petite fille a priori comme les autres. Elle aide régulièrement son père, ramoneur, pour nettoyer les conduits trop fins pour lui. Le duo se démène pour survivre dans cette ville toute grise blindée de cheminées, tentant de ne pas se faire piquer ses clients par les McMullan.
Mais Addidas a un petit truc en plus : régulièrement, elle tombe dans une sorte de coma qui peut durer plusieurs minutes, sans que rien ne permette d’en connaître l’origine. Aucun spécialiste ne l’explique. Puis un jour, Addidas rencontre un monstre…
J’avais à l’époque commencé la série avec les deux premiers tomes couleurs, préférant ensuite attendre que la série complète sorte pour ne plus être frustrée au bout de 48 petites pages…
Finalement, l’attente aura été plus longue que prévue, mais à l’occasion de la fin d’une autre série de Peeters (Aâma), je me remets un peu à jour…
Koma est une série très originale. Le monde que nous proposent Wazem et Peeters ne fait pas vraiment rêver, façon béton et usines, sans un gramme de verdure. Addidas (pas comme les chaussures explique-t-elle) rêve de la campagne, que ni elle ni son père n’ont jamais vue mais elle ne doute pas un instant de la beauté de ce fameux endroit. Sûr qu’il doit forcément être différent de son quotidien de fonds de cheminées crasseuses.
Mais malgré tout, Addidas est une petite fille attachante. Pleine de vie, volontaire, énergique, elle fait face à sa maladie inconnue et aux peurs de son père, qui a déjà perdu sa femme et tient plus que tout à sa fille. Elle note scrupuleusement dans un carnet ses nombreuses crises… qui sont autant de moments qui nous font découvrir le monde d’en dessous. Un monde souterrain où des “monstres” actionnent sans répit les leviers d’énigmatiques machines. Mais l’un d’entre eux a un problème avec la sienne…
Koma c’est l’histoire d’un monde de machines et de vie sans joie, sans avenir, sans perspective, sans rêve, où certains espèrent trouver le pouvoir, celui de découvrir comment faire en sorte que rien ne change, sans savoir s’ils sont ceux qui manipulent ou s’ils sont également manipulés. Addidas est un grain de sable dans ce bel engrenage, le virus qui ne répond à aucune logique, l’anomalie qui peut décider dans quelles mains le pouvoir sera déposé. Le pouvoir de ne rien changer ou au contraire, celui de l’imagination et de la création, de la liberté, du choix et de l’acceptation des conséquences qui en découlent.
Si on peut alors se dire que cette histoire a une base très classique, il n’en est rien grâce à tout le talent des deux auteurs, qui font eux aussi preuve d’une imagination débordante, se jouant des mots et des apparences avec une joie communicative qui transpire à chaque page. Les dialogues sont jubilatoires, tour à tour drôles et cassants, premier degré ou énigmatiques, pragmatiques ou poétiques. Dans ce monde de cheminées où une petite fille curieuse regarde le ciel et observe, les cases prennent vie, embarquent, racontent, explorent, testent, voient des relations se former, se développer, une amitié naître et donner de la force aux personnages.
Koma c’est un joli conte plein de suie et de machines, de monstres et de grands trous, de petites filles qui tombent et qui se relèvent toujours pour continuer à avancer.