Et comme chaque année, j’accuse le coup le mercredi et il m’arrive un souci. Cette fois-ci, c’est à 16h30 dans le bus que je me retrouve à faire un malaise vagal, à deux doigts de tomber dans les pommes (entre autres). Il faut dire que la chaleur est écrasante et que je supporte assez mal le soleil (les mauvaises langues diront que c’est parce que je ne le vois pas souvent… Ouais ben vu ce que ça me fait quand je le vois, hein !) et à tous les coups, que ce soit au Festival d’Annecy ou à Japan Expo, le troisième jour, je me prends un bon gros contrecoup dans la tronche…
Les P’tits dej du court
Bon, passons et revenons à cette journée. Ayant bien apprécié la séance des courts métrages d’hier, je pars dès mon arrivée en ville aux haras pour les P’tits dej du court, histoire d’entendre les réponses des différents réalisateurs aux questions de Marcel Jean, directeur artistique du Festival. Bonne surprise, je peux prendre un thé et un jus de fruit gratuitement pendant la durée des interventions (enfin, c’est ce que je pense avoir compris). Je m’installe par terre juste devant les intervenants, histoire de bien écouter et de prendre quelques photos.
Si certains réalisateurs ne sont clairement pas à l’aise avec cet exercice et rament pour répondre, d’autres apportent un vrai plus à la projection de leur court, en expliquant leur manière de travailler ou les difficultés à boucler un budget dans leur pays.
J’ai notamment bien écouté Pablo Angeles, le réalisateur mexicain qui a adapté la nouvelle de H.P. Lovecraft Pickman’s Model, malgré ma difficulté à comprendre son anglais (très bon mais un peu rapide pour moi et sans doute un petit accent). Il a mis presque 6 ans à faire son film, seul pratiquement de bout en bout, en bossant après son travail, parfois toute la nuit. Quand on voit le résultat, visuellement très travaillé (je ne vais pas dire “beau” parce que bon, Lovecraft, quoi…), c’est très impressionnant. Et encore, il n’était pas complètement satisfait du résultat (fini en février de cette année je crois) et espère pouvoir en faire un prochain plus ambitieux encore, et plus long. Même si ce genre de production, aux Mexique, c’est semble-t-il très difficile…
En tout cas, les réalisateurs défilent et après leur intervention, ils sont invités à laisser un petit dessin sur un panneau mural. J’aime bien l’idée de voir au fil des jours le panneau se remplir…
Bref, chouette séance, très intéressante et avec une bonne ambiance, à la fois attentive et sereine, décontractée.
Ray Harryhausen
Oups, 10h15, je file à ma séance suivante et ne faisant pas trop gaffe au temps, je suis en fait un peu à la bourre. Sachant que 10 mn avant une séance, la réservation n’est plus assurée (vu qu’ils font alors aussi rentrer des gens sans réservation). Mais non, ça va finalement… J’aurais ragé de louper cette séance tout de même, consacrée au génial Ray Harryhausen, génie de la stop motion qui a inspiré toute une génération de réalisateurs.
Je tenais donc absolument à voir ce documentaire, Ray Harryhausen, le titan des effets spéciaux. Lors du Festival 2004, j’ai eu le privilège d’assister à une rencontre publique où pendant 1h30, du haut de ses 84 ans, il a pris le temps de répondre aux nombreuses questions de Serge Bromberg, Jean-Pierre Dionnet et des spectateurs. Cela avait été un très beau moment. Sa mort en 2013 m’a beaucoup touchée. Alors ce documentaire consacré à ce monstre de la stop motion, 10 ans après sa venue à Annecy, me semble arrivé à point nommé.
Ray Harryhausen, né en 1920, a 13 ans quand il voit pour la première fois King Kong, avec la créature animée par Willis O’Brien. Il a trouvé sa voie. Pour comprendre comment tout cela fonctionne, il va s’entraîner dans son garage et tenter de se faire remarquer. Après un travail peu enthousiasmant avec George Pal, il devient l’assistant de Willis O’Brien, puis l’animateur principal de la plupart des films de son mentor. Il va ensuite commencer à voler de ses propres ailes, assurant tout le travail, de la création dessinée des créatures, leur fabrication, jusqu’à leur animation, image par image. Il va créer parmi les monstres les plus étonnants et les plus marquants des années 50 à 80. Sinbad, Gulliver, L’île mystérieuse, Jason et les argonautes, Le choc des titans (celui de 1981, bien sûr), etc. Au fil des années, il améliore sa technique et pousse toujours plus loin le réalisme de ses animations, apportant rêves et cauchemars à des millions d’enfants et d’adolescents de par le monde dont certains deviendront plus tard les réalisateurs et animateurs d’aujourd’hui.
Ainsi, Steven Spielberg, Peter Jackson, James Cameron, Nick Park, Henry Selick, Tim Burton, John Landis, Joe Dante, Dennis Muren, Guillermo Del Toro, Terry Gilliam, John Lasseter… tous témoignent de l’influence du travail de Harryhausen sur leur motivation, leurs projets, multipliant les clins d’œil, les références et les hommages dans leurs films. Sans lui, pas de Star Wars, de Jurassic Park, d’Avatar, de Hellboy, de Wallace et Gromit, etc.
Ce documentaire est non seulement un très bel hommage au père des effets spéciaux mais également à la technique de la stop motion. Si elle a permis l’émergence de talents et de nouvelles techniques et notamment l’animation par ordinateur, permettant aujourd’hui des choses totalement inimaginables il y a 50 ans, elle n’est pas morte pour autant. Des réalisateurs comme Henry Sellick ou Nick Park le prouvent régulièrement.
Ainsi, cette technique permet d’intégrer le spectateur dans le film : en voyant les personnages s’animer, il se demande comment cela a été fait, comment cela a été possible. Il ressent le côté tactile, réel des figurines, leur épaisseur, leur texture. Voilà clairement une chose qu’aucune animation 3D ne réussira à faire. Surtout que la stop motion n’a pas pour ambition d’être absolument réaliste, elle veut garder sa magie, son recul, son p’tit quelque chose qui la rend différente et permet au spectateur de s’évader. Là où la pure 3D laisse un peu le spectateur sur le bas-côté. Il ne s’interroge pas sur comment cela a été fait, il se dit “c’est fait par un ordinateur” donc pas vraiment de magie, les images sont générées par des processeurs là où les mouvements des squelettes de Jason et les argonautes ou de Coraline ont demandé à chaque fois l’intervention manuelle d’un animateur qui a dû insuffler en quelque sorte la vie à ses créations. Si la 3D (je ne parle pas du relief avec lunettes) a été clairement influencée par la stop motion, elle est désormais une technique en elle-même.
Pour autant, j’aurais tendance à penser que ce qui est un avantage pour la stop motion, l’implication du spectateur, est un défi pour la 3D. Là où un film moyen en stop motion pourra néanmoins tirer son épingle du jeu par le travail des animateurs, même si à côté de ça le scénario est basique et le jeu d’acteurs limités, la 3D ne peut plus se le permettre. Si le scénario est nase ou que les acteurs ne savent pas jouer, la 3D et son impression d’évidence et de facilité ne permettront en rien d’occuper le spectateur qui pourra donc d’autant plus se concentrer sur tous les autres aspects du film et donc être plus exigeant. C’est du moins ce qui m’est venu en réfléchissant au documentaire et aux interventions des uns et des autres…
Voilà en tout cas une très belle séance, instructive, drôle, touchante. Un bel hommage à un homme et à la technique qu’il a contribué à faire avancer.
Les courts métrages n°3
Je file manger puis pars aux haras pour ma troisième séances de courts métrages. Pas trop mal installée, même si une tête m’empêche de lire certains sous-titres. En même temps, la séance n’a pas été exceptionnelle… 26 sur 40, en fait tous les programmes étaient assez moyens. Un clairement plus difficile, lent, un peu glauque et pas très compréhensible. D’autres plutôt beaux esthétiquement mais un peu dérangeants (ai-je vraiment envie de savoir comment des hippopotames à forme humaine se reproduisent ? Définitivement non).
Toujours un peu délicat quand la salle réagit clairement difficilement à un court, sans aucun enthousiasme puis qu’on entend une voix dire “et nous saluons sur la scène le réalisateur…” suivi d’applaudissements un peu gênés.
Je sors rapidement de la séance, je sens la fatigue venir, je préfère déclarer forfait pour la séance suivante. Après tout, il me reste encore trois jours et mon but n’est pas de me ruiner la santé, je dois me remettre à bosser dès le festival terminer !