Série en cours par Kenji Tsuruta, éditée en VF par Ki-oon.
Sens de lecture japonais, 170x240mm, 15,00€.
Premier volume paru en septembre 2017.
Nouveau venu dans la collection Latitudes de Ki-oon, voici L’île errante de Kenji Tsuruta, qu’on a pu découvrir il y a de cela des années chez Casterman avec Spirit of Wonder en 1999 et Forget-me-not en 2004. Cela ne nous rajeunit pas…
Mikura Amelia est pilote. Avec son hydravion, elle gère un service de livraison des îles de la préfecture de Tokyo aux côtés de son grand-père. A la mort de celui-ci, elle découvre dans ses affaires un paquet jamais livré, destiné à une Madame Amelia sur l’île Electriciteit. Une île que personne ne connaît. La jeune femme va commencer ses recherches sur cette fameuse île errante…
Quand on débute la lecture de L’île errante, on a évidemment tout de suite en tête Porco Rosso de Miyazaki. Puis on passe à Laputa, le château dans le ciel avec cette recherche d’une mystérieuse île que seuls quelques individus disent avoir aperçue. Plus récemment, on pourrait penser aux Enfants de la baleine d’Abi Umeda avec son île errante également. En fait, toutes ces œuvres ont quelque chose en commun : une atmosphère particulière, une poésie onirique, un appel à l’aventure.
Kenji Tsuruta est un habitué des jolies héroïnes parfois sommairement vêtues. Mikura ne fait pas exception, ayant même souvent tendance à oublier de passer au moins une culotte. Et pour autant, ce n’est pas spécialement utilisé pour des poses franchement lascives, plutôt comme une signature. Chacun son hobby…
Mikura est en tout cas une forte tête qui n’a pas spécialement l’intention d’abandonner la quête de son grand-père, malgré toutes les difficultés. Elle veut en savoir plus sur cette fameuse île, qui semble aussi facilement disparaître de l’horizon que des esprits. Mythe et réalité se mélangent sans qu’on sache vraiment à quoi s’en tenir mais la pilote est du genre bornée, même si cela lui prend des années et que ça a tendance à lui faire négliger son gagne-pain.
Peu de textes en fait dans ce premier tome, l’auteur préférant se concentrer sur les superbes dessins, les ambiances, les ressentis. Au point qu’on a parfois du mal à totalement comprendre forcément où on est ou combien de temps a passé entre chaque scène. Tsuruta reste finalement assez vague sur beaucoup d’éléments, nous en mettant plein les mirettes avec son dessin extrêmement détaillé et fouillé, prenant son temps pour faire avancer son intrigue. Sachant que ce premier tome est sorti au Japon en 2011 et que le deuxième doit paraître le 23 octobre prochain… Les lecteurs vont devoir accepter de se laisser porter par le rythme très posé et un rien mélancolique du titre.
En fait, j’en ressors un peu mitigée car L’île errante me semble un peu à cheval entre deux styles : manga d’aventure ou manga d’ambiance ?
Du premier, il a l’idée de base – la recherche de l’île -, le type de personnages, cette héroïne dont on ne sait finalement pas grand-chose, dont on peut imaginer qu’elle sera développée au fil des événements, des rencontres (sachant que dans ce premier tome, les rencontres se limitent aux vieux de son île). Son nom de famille évoque Amelia Earhart, une pionnière de l’aviation, première femme à avoir traversé l’Atlantique dans les années 30, disparue en 1937 lors d’une tentative de tour du monde. Difficile de faire plus appel à l’aventure que ça (sans compter le chat, Endeavour, dont le nom évoque aussi bien des bateaux que la navette spatiale américaine) !
Du second, il a le rythme, l’étalement temporel, le focus sur les décors, où il ne se passe pas grand-chose, comme s’il n’y avait pas vraiment de but à atteindre mais juste flotter au fil du temps (comme peuvent l’être des titres « Feel good » comme Minuscule ou Amanchu!).
Mais voilà deux types de manga qui n’ont clairement pas le même rythme de narration…
Ce premier tome est donc relativement agréable pour les amateurs de ce genre d’histoires plus centrées sur l’ambiance que sur le récit en lui-même. Cela reste sympathique mais un peu trop éthéré et quelque peu frustrant, surtout vu le rythme de parution extrêmement lent de l’auteur.
Hum, voilà qui ne me donne pas trop envie de tenter la lecture 🙂
Il faut dire que je n’avais pas apprécié les deux précédents titres de l’auteur parus chez nous, considérant même que Forget Me Not était le pire Sakka de l’ère Boilet. Je sens que je vais attendre ton éventuel avis sur le tome 2, ou que a-yin me le prête (si elle le trouve d’occase).