Série en 6 tomes par Terry Moore, éditée en VF par Delcourt, 170x260mm, 12,99 à 14,50€.
Existe en version numérique, en 6 tomes ou en intégrale.
En intégrale papier en août 2017.
Il y a plusieurs mois (années ?), peut-être quand Delcourt a commencé à publier Rachel Rising, je me suis laissée tenter par les deux premiers tomes d’Echo, la série précédente de Terry Moore. Et je n’ai fait que lire quelques chapitres…
Certains volumes étant désormais indisponibles, j’attendais en espérant que Delcourt réédite la série en même temps que Strangers in paradise (en 3 volumes à partir de mai 2017) ou sa nouvelle série Motor Girl (annoncée pour 2018). Puis j’ai découvert que l’intégrale est disponible à un prix raisonnable sur Izneo (en août 2017 en version papier). L’occasion de tester la lecture de BD numérique en même temps que de découvrir toute la série, finalement avalée en trois jours…
Julie Martin est en pleine galère. Son mari l’a quittée et la pousse à signer les papiers d’un divorce dont elle ne veut pas. Elle n’a plus d’argent et son seul soutien, c’est sa sœur Pam, en hôpital psy… Rien ne s’arrange quand elle assiste à une étrange explosion dans le désert et qu’elle se retrouve couverte de gouttelettes métalliques qu’elle ne parvient pas à retirer. Des gouttelettes qui semblent douées d’une vie propre et sacrément puissante…
Après les 18 tomes de Strangers in Paradise, Terry Moore s’est donc lancé dans une série flirtant avec la science-fiction, mêlant un petit côté super-héros avec une légère touche de spiritualité.
Julie est l’héroïne typique de Terry Moore, même si elle n’est pas blonde comme Katchoo ou Rachel. Débrouillarde, grande gueule, bornée, au caractère potentiellement explosif, elle débute cette histoire en étant dans la m…ouise. Engluée dans un divorce difficile qu’elle se refuse à accepter, elle galère déjà avant même qu’une expérience scientifique ne fasse d’elle une personne très recherchée. Poursuivie par divers individus aux intentions un peu floues, elle ne sait pas trop à qui se fier et ne comprend absolument rien à ce qui lui arrive. Ses problèmes personnels vont en tout cas lui paraître nettement plus anodins face à ce qu’elle va devoir affronter, que ce soit des scientifiques mégalomanes, des tueurs à gage acharnés, des agences gouvernementales ou un sans-abri biblique…
Julie n’est au départ que la spectatrice bien malgré elle d’un combat sanglant qu’elle refuse là encore d’accepter. Il faut dire que Terry Moore y va fort et canarde allègrement. Heureusement que la BD est en noir et blanc, certaines cases seraient sinon très saturées en rouge… Mais l’auteur n’a pas pour habitude de faire dans le gore gratuit (oui, bon, il y va fort dans Rachel Rising, certes…) et il utilise plutôt cette avalanche de corps comme moyen de révéler le jusqu’au-boutisme de certains acharnés prêts à tout par cupidité, égocentrisme, loyauté intéressée, oubliant alors de réfléchir aux potentielles conséquences de leurs actes.
On remarque d’ailleurs que tout est le fait d’hommes, n’hésitant jamais à tout en se prenant pour Dieu, le défiant avec arrogance avec une puissance qu’ils croient maîtriser alors qu’il n’en comprennent rien, et que ce sont les femmes qui auront pour lourde tâche d’éviter l’escalade imbécile et belliqueuse. Ainsi, le docteur John Foster est le type même du vieux scientifique misogyne ayant eu du mal à digérer qu’une femme, jeune de surcroît, soit nettement plus brillante que lui et qu’elle ait eu le courage de se battre pour ses principes plutôt que pour sa gloire et le nombre de zéros sur son chèque à la fin du mois. Et c’est bien beau de parler de réalisme pour obtenir des financements si c’est ensuite pour se croire capable de maîtriser une puissance dont on ne sait rien et où la moindre erreur revient à rayer la planète du système solaire…
La grande spécialité de Terry Moore, c’est l’amitié féminine. Katchoo et Francine, Rachel et Jet, Julie et… Echo a aussi sa propre histoire d’amitié féminine comme moteur de son histoire. Une amitié toujours forte en gueule, en engueulades, en taquineries, en sous-entendus plus intimes, une amitié drôle, qui se crée et grandit au fil de l’histoire, dont la confiance est le maître-mot, celui qui permet la survie dans les pires situations. Si le hommes sont toujours les responsables des erreurs et horreurs qui enveniment la situation, s’il y en a quand même quelques-uns qui se bougent pour tenter de retourner une situation désespérée, cela reste toujours les femmes, unies, qui acceptent de voir les choses en face et d’affronter les épreuves même sans espoir.
Les héroïnes de Terry Moore sont toujours des super-héroïnes, sans cape, avec ou sans super-pouvoirs fantastiques, mais dotées d’une humanité, d’une générosité et et d’une force d’âme qui emballent et réjouissent. Elles peuvent trébucher, se planter, se laisser envahir par la colère, le salut ne viendra toujours que d’elles face à la mégalomanie et la folie des hommes, pions orgueilleux de leur propre destruction.
Fable sur cette humanité qui ne pense qu’à créer des armes et des outils de sa propre annihilation quand on lui donne accès à un savoir qui pourrait simplement la sauver, Echo parvient à capter le lecteur dans une course folle où l’ennemi n’est jamais bien loin, a de multiples visages et n’hésite jamais à appuyer sur la gâchette. Si la série prend son temps pour démarrer, une fois l’action lancée, on ne s’arrête plus jusqu’à la dernière page…
La fin est quelque peu rapide et “facile” mais on lui pardonne vu l’excitante aventure qu’elle nous aura fait vivre.
Pour ma part, j’ai beaucoup aimé Echo que j’ai suivi à l’époque à moitié en occase et à moitié en neuf. Je suis bien d’accord avec toi pour la fin. Je me demande d’ailleurs si Terry Moore arrivera à terminer correctement Rachel Rising 🙂 .
Mais la lecture numérique, alors ? C’était sur quel support ? Et ça a donné quoi ? Tu as utilisé le mode eazycomics ? Sweetpasta et Cosmos m’ont bien parlé de leur lecture case par case, mais j’ai du mal à me rendre compte si c’est confortable, vu que ma lecture numérique se fait exclusivement avec des PDF sur tablette.
Je ferai un billet sur la BD numérique quand j’aurai testé plus précisément. Mais je lis sur tablette et je suis passée sur Sequencity depuis, donc pas de eazycomics (qui de toute façon n’est que sur quelques titres sur Izneo).
(Quant à Rachel Rising… Disons que Terry Moore n’aime visiblement pas quitter ses personnages :))