Volume unique par Grégory Panaccione, édité par Delcourt en mai 2012, 146x208mm, 142 pages, 14,50€.
C’est en voulant lire Un océan d’amour que je me rends compte que j’ai déjà une autre BD non lue du dessinateur sur mes étagères. Illustrateur et story-boarder, Grégory Panaccione s’est en effet lancé dans la BD avec un premier titre, Toby mon ami. Il s’essaie même à l’exercice assez rare et difficile d’une œuvre sans aucun dialogue, tout ne passant que par le dessin. Sans doute que son expérience dans le story-board n’y est pas étrangère…
Toby est un chien vivant près de la mer avec un maître artiste-peintre, dans une vieille maison isolée au fin fond de la campagne. Ils ne roulent pas sur l’or mais pour Toby, le quotidien est une succession de bons moments, entre les balades tout seul dans la nature environnante, les promenades avec son maître adoré, ses siestes à ses côtés pendant qu’il peint ou ses nuits à surveiller leur modeste demeure des intrusions d’un chat qui va quelque peu bouleverser leur existence…
Je pensais me retrouver face à un Rémy sans famille version canidé, ce qui explique le long délai entre mon achat de la BD (sur les recommandations d’une libraire enthousiaste) et ma lecture. J’avais tout faux. Ici, pas de maltraitance ou d’abandon, de pathos ou d’exagération lacrymale.
Le plus important dans Toby mon ami n’est en effet pas l’histoire, dans le sens succession d’événements plus ou moins marquants et spectaculaires, mais la description du quotidien simple d’un brave chien selon son point de vue à lui. D’où le fait qu’il n’y ait pas de dialogue mais juste quelques bulles par ci par là expliquant par picto les pensées du quadrupède avec énormément d’humour, et un brin d’anthropomorphisme dans l’illustration. Ceux qui n’ont jamais eu de chien ne le savent peut-être pas mais nos compagnons à quatre pattes ont un don pour la comédie et surtout la dramaturgie : les moments où Toby réclame à manger à son maître comme s’il allait mourir sur place d’inanition dans les deux secondes sans ravitaillement sont très bien rendus, hilarants… et tellement vrais (Non ? Vous n’avez jamais couru après votre votre chien qui gambade partout avec sa gamelle dans la gueule car vous avez CINQ TERRIBLES MINUTES DE RETARD sur son horaire de repas). De même, le passage où Toby doit attendre son maître à la maison est très fort et réaliste, sachant retranscrire avec énormément d’efficacité ce mélange d’impatience et d’excitation difficilement contenue quand enfin, la délivrance arrive.
Ainsi, avec juste des images, Panaccione parvient à faire passer énormément d’émotions, d’humour et de tendresse en suivant les pas de ce chien et de son maître adoré, même si celui-ci ne serait pas contre une compagnie un peu moins… enfin un peu plus féminine et humaine. Et même s’il aime son affectueux corniaud, celui-ci peut avoir évidemment une certaine tendance à l’exaspérer parfois. La cohabitation humain-chien n’est pas toujours un chemin pavé de roses mais les quelques épines par ci par là n’en rendent les moments de partage que plus forts.
La narration est très détaillée, me faisant penser un peu à un style manga dans le sens où contrairement à une BD francophone habituelle, très centrée sur les dialogues, c’est ici justement la succession des moindres petites actions de Toby qui forme le récit. Son cheminement dans le pré, ses arrêts aux différents poteaux dédiés à la pause pipi, ses rencontres avec d’autres animaux, congénères plus ou moins sympathiques, y compris un chat qui va même hanter quelque peu ses rêves (oui, a priori, les chiens rêvent… et c’est assez drôle à voir d’ailleurs et très facile à observer vu qu’ils pioncent quand même beaucoup !)… tout nous est montré avec un trait vivant, expressif, et des couleurs à l’aquarelle très belles, apportant une ambiance très parlante à chaque scène.
Toby mon ami est un très bel ouvrage, expressif, drôle, touchant, tendre, bourré d’amour et de chaleur, sans jamais en faire trop. Le genre de petite lecture qui fait du bien, loin du bruit, du fracas, du cynisme et de l’égocentrisme humain.
Et en bonus sur le site de l’auteur, une petite histoire inédite…
Morgan, ta page d’entrée ne marche plus : j’ai une grille de titres rangés par trois, mais aucune case ne contient quoi que ce soit de cliquable. De même, impossible de laisser un commentaire sans activer Javascript.
(Sans doute que WordPress ou Google ont rendu le Javascript obligatoire par défaut, afin de collecter plus de données dans le cadre de leurs accords croisés avec la NSA.)
Je refuse d’activer Javascript au quotidien, sa lourdeur et ses graves problèmes de sécurité, juste pour lire du texte, cliquer un lien, ou poster un formulaire — fonctions basiques du web depuis 25 ans et qui n’ont absolument pas besoin de script.
(Je suis arrivé sur cette page via la liste “Articles récents” en bas d’accueil, où les liens marchent encore. Et là j’ai été obligé d’activer temporairement le script juste pour poster une dernière fois. Désolé, mais naviguer ce site est devenu aussi pénible que de voyager en avion.)
Et c’est récent ces problèmes ? Ça te le faisait auparavant ?
Je ne savais même pas que j’avais le javascript d’activé par défaut mais effectivement, je viens de tester sans et je vois ce que ça donne. Le souci c’est que je ne vois pas trop quoi faire… Je ne sais pas si ça vient de WP ou de mon thème mais que ce soit l’un ou l’autre, je ne peux guère y modifier…
Merci pour l’info en tout cas.