Série en cours par Hiromu Arakawa, éditée en VF par Kurokawa, en VO par Shinshokan.
Sens de lecture japonais, 148x210mm, 9,10€.
Dès 2006, avant même la fin de FullMetal Alchemist, Hiromu Arakawa publiait dans le magazine UnPoco de Shinshokan des chapitres sur sa vie à Hokkaïdo. Car les lecteurs de Silver Spoon le savent sans doute, les parents de la mangaka ont une ferme sur cette île du nord du Japon et elle y a travaillé durant sept ans avant de descendre à Tokyo. Nobles Paysans est donc un recueil des chapitres publiés au fil des années dans les magazines de Shinshokan. 13 chapitres sont rassemblés dans ce premier tome.
Arakawa parle avec beaucoup d’amour et de tendresse de sa famille de rudes agriculteurs, des horaires à rallonge imposés par ce métier, des problèmes rencontrés liés à la politique agricole du pays, qui importe beaucoup pour subvenir aux besoins alimentaires de sa population (problème déjà abordé dans Les fils de la terre chez Akata, me semble-t-il).
Ce récit autobiographique ne manque évidemment pas d’humour, un élément important dans le travail d’Arakawa, qui n’a pas son pareil pour raconter les anecdotes les plus loufoques sur sa famille, la vie à la ferme, le décalage entre les urbains et les ruraux fiers de leur débrouillardise et de leur quasi-autarcie alimentaire, voire son rêve d’indépendance d’Hokkaïdo pour obliger les Japonais à comprendre l’importance de leur travail, souvent malmené par les demandes politiques impossibles : jeter des tonnes de lait lors des années de baisse de consommation, pour finalement devoir produire plus l’année suivante, ce qui ne se fait pas comme ça… Finalement, qu’on soit producteur en France ou au Japon, il y a des problèmes communs.
Arakawa, qui s’est toujours dessinée sous la forme d’une vache à lunettes, peut enfin montrer ici son profond attachement pour ces animaux qu’elle côtoie depuis toujours, tout en n’oubliant jamais de montrer la facette difficile mais forcément nécessaire de l’élevage, les départs pour l’abattoir. Pas de complaisance, comme les lecteurs de Silver Spoon ont déjà pu le remarquer…
Au fil des pages, on en apprend beaucoup tout en riant très souvent, au gré des anecdotes tordues – saviez-vous qu’on récolte des saumons dans les champs ? -, des expériences plus ou moins foireuses d’Arakawa, de sa trouille d’une rencontre avec des ours bruns à sa conduite des engins agricoles ou du récit des idées tout aussi foireuses de son père adepte du slip en cas de vêlage. Le tout se lit très facilement, sans aucune lassitude ou impression de répétition et les 130 pages passent vite.
Certes, le prix est un peu élevé pour peu de pages (même si plus aurait peut-être été un peu lourd ?) – format assez grand et pages couleurs expliquent sans doute cela – mais Nobles Paysans ne parlera sans doute qu’aux lecteurs assidus d’Arakawa et de Silver Spoon ce qui limite un peu le public.
Ah, au juste… N’oublions pas les petits dessins en bas à droite de chaque page paire : un petit flip-book plutôt sympa !
Deux tomes sont parus pour le moment au Japon, au gré des publications de chapitres dans les magazines ce qui ne doit pas être très régulier. Pas de date donc pour le deuxième en version française.
Je n’avais même pas remarqué le flip book… Merci pour l’info !
De même, merci pour “l’astuce” du flipbook, il m’a amusée des minutes, mais je suis facilement amusable :]
J’ai été un peu déçue par Nobles paysans alors que je ne m’y attendais pas du tout. C’était bien plus décousu et répétitif que je ne le croyais, du coup, passés les premières pages, le style tonitruant de Arakawa, les retrouvailles avec la vache à lunettes, je me suis un peu ennuyée :/
Pourtant, c’est vrai qu’on apprend une foultitude de choses de manière ludique… mais je sais pas, je dois être trop grand public et préférer une histoire construite, comme Silver Spoon.
Pour autant, je recommande vivement la lecture, ne serait-ce que pour la personnalité atypique de l’auteure 🙂
Oui, moi aussi j’ai un avis un peu mitigé sur “Nobles Paysans”. A lire impérativement à petites doses car c’est très répétitif et on peut assez vite lasser, ce qui était mon cas. A ta différence, Morgan, je n’ai pas énormément rigolé à cette lecture, même si j’ai souris souvent.
Il s’agit d’une lecture complémentaire indispensable à “Silver Spoon”, bien meilleur car avec un récit construit comme le dit Alice, mais rien de plus.
Même pas regardé le flip-book (que je n’aurai pas vu sans cette chronique), j’aime pas les flip-books 🙂