Volume unique par Ami Fushimi, édité en VF par Akata en mai 2020.
Sens de lecture japonais, 127x180mm, 8,05€.
Après quelques semaines sans lecture, j’hésite entre plusieurs volumes puis finis par choisir un one-shot de chez Akata, Show Me Love, première œuvre d’Ami Fushimi.
Nami, qui vient d’emménager avec sa mère dans l’immeuble, découvre vite que son voisin n’est autre que Nagakawa, un de ses professeurs du collège. Lui ne veut surtout pas que cette adolescente indisciplinée ne l’approche mais elle se lie vite d’amitié avec Kenta, son fils qui normalement vit avec son ex-femme et son nouveau compagnon. Mais le petit garçon ne cesse de rendre visite à son père…
Nami, Nakagawa, Kenta : ces trois personnages souffrent chacun à leur manière et leur rencontre va leur permettre d’affronter ce qui les blesse.
Nami a été abandonnée par son père et sa mère travaille d’arrache-pieds pour leur permettre de survivre malgré tout. La jeune fille est désabusée et ne croit plus en rien, ayant déjà renoncé à un quelconque avenir.
Nakagawa est un taiseux, un taciturne qui n’a jamais vraiment su se rapprocher de quiconque et ne comprend pas vraiment son fils qui s’échine à lui rendre visite.
Enfin, le jeune Kenta se sent mal chez sa mère, avec un beau-père colérique et violent, et se fait brutaliser à l’école. Il n’y a que chez son père qu’il trouve un peu de tranquillité, à défaut d’amour.
Le petit garçon sera le lien entre Nami et Nakagawa, les obligeant à se dévoiler et à faire face à ce qui les ronge. Pas de gros secret ignoble, juste une vie un peu misérable qui les bouffe et ne semble jamais pouvoir apporter le moindre réconfort.
On pourrait croire avec tout ça que la lecture serait un peu lourde, pesante, minante… mais il n’en est rien grâce à l’énergie et à la fraîcheur qui s’en dégage. Nami n’est pas l’ado bornée et je-m’en-foutiste qu’on pouvait craindre. Elle se laisse facilement apprivoiser par la détresse de Kenta et y trouvera une nouvelle manière d’affronter sa vie. Elle avait juste besoin de quelqu’un qui la pousse à vraiment s’interroger sur ce qu’elle veut, et c’est Nakagawa qui la met face à ses renoncements trop rapides. Tandis que la jeune fille montre au père célibataire que son fils a besoin de lui et qu’il n’est pas condamné à rester une ombre vague au loin dans la vie de son garçon. Tous ont surtout besoin d’amour et de confiance.
Show Me Love a le charme et l’exubérance d’une première œuvre sans les défauts. On y sent beaucoup de sincérité, de franchise, l’autrice ne perd pas de temps dans des développements de remplissage et elle permet à ses personnages de se dévoiler sans jamais avoir besoin de souligner ou sursignifier ce qu’elle veut leur faire exprimer. Elle sait comment faire ressentir tous leurs doutes, leur malaise, leur manque de confiance, leur incompréhension mais aussi leur force et leur volonté finalement d’avancer.
Show Me Love s’avère donc une jolie lecture, touchante, attachante et même drôle, avec des personnages intéressants et plutôt subtils, sans jamais avoir besoin d’en faire des tonnes.
Suite à ta chronique, j’ai acheté et lu « Show Me Love » et, effectivement, j’ai trouvé comme toi que c’était un titre vraiment agréable à lire malgré un sujet un peu difficile. Bravo à l’auteure, dont j’aimerai bien découvrir d’autres œuvres même si j’ai l’impression qu’elle n’a rien en cours.