L’année 2019 est derrière nous, 2020 est déjà bien installé et c’est donc normalement le moment de souhaiter les vœux.
Dire « Bonne année » m’a toujours pas mal gonflée. Pas que je sois malpolie (enfin, pas trop) ou que je souhaite du mal aux gens (même si… mais non) mais c’est le genre d’injonction, de convenance bien vide qui me saoule tant ça n’a pas vraiment de sens. On le dit parce qu’il faut le dire. C’est un peu comme le « Salut, ça va ? » alors qu’on serait bien emmerdé si la personne en face nous répondait « Bof, pas trop… ». Pas qu’on s’en foute, mais simplement que c’est une question de convenance et qu’on n’a pas forcément le temps/l’envie/l’énergie de se pencher là-dessus réellement.
Bref, souhaiter la bonne année me gonfle déjà pas mal mais alors cette année…
Déjà 2019 s’est fini dans un contexte assez foireux et 2020 n’a pas adouci le programme. Pas de trêve des confiseurs dans l’actu internationale et l’ambiance générale.
Les USA et l’Iran qui jouent à celui qui a la plus grosse envie de péter la gueule de l’autre, feux catastrophiques en Australie qui déciment la population animale, détruisent, tuent et ravagent avec un face un gouvernement climato-sceptique sans un gramme d’empathie qui envoie maintenant des hélicoptères flinguer des milliers de dromadaires sauvages assoiffés, pays en révolte partout dans le monde, souvent réprimés dans la violence par les états, politiciens de plus en plus autoritaires en pleine dérive fasciste, et au niveau national, grèves, réforme de la retraite injuste et inutile qui va encore être décrétée dans le plus total déni de démocratie pour satisfaire une minorité de puissants sous les tirs de LBD et les arrestations injustifiées, Carlos Ghosn méprisant et goguenard qui fuit le Japon et son futur procès, l’affaire Matzneff qui ressort alors qu’on sait depuis des années que ce type est une ordure bien protégée, hypocrisie, mépris, foutage de gueule en boucle, sixième extinction de masse en cours…
Non, vraiment, je me sens mal à sortir « Bonne année » avec un grand sourire dans un contexte aussi foireux (et je ne suis pas la seule si j’en juge plusieurs témoignages ici et là).
(Ha ha, je suis la fille qui se déclenche une crise d’angoisse en écrivant son billet de nouvelle année. Bonne ambiance.)
Pour autant, je ne peux pas dire que mon année 2019 a été mauvaise en soi. Elle a surtout été chargée. J’ai bossé, bossé et encore bossé (74 bouquins faits en 2019 contre 51 en 2018, on peut dire ça !). Je ne voyage pas, je ne sors pas (j’ai dû aller en centre-ville moins de 10 fois dans l’année, hors Festival d’Annecy, et c’était toujours pour des rendez-vous médicaux suivis de razzia en librairie…), j’ai la vie sociale d’une crevette dans la fosse des Mariannes, donc mon quotidien est des plus routiniers.
L’année a été financièrement bonne mais épuisante, notamment nerveusement. Et évidemment, l’actu n’y a pas aidé. Je ne regarde plus les infos depuis plusieurs mois mais je me tiens au courant par Les Jours ou Courrier international parce que je ne tiens pas à mettre la tête dans le sable non plus. Mais ça me bouffe. Et parfois, je m’éloigne quand même un peu (et c’est un privilège de pouvoir le faire, beaucoup n’ont pas le choix).
Alors forcément, avec tout ça, j’avoue que mon engagement pour le site est fluctuant. Je concentre mon énergie pour le boulot – en tant que freelance, rien que de se mettre à bosser demande un effort supplémentaire en fait puisqu’on doit dépasser la tentation facile de faire autre chose – et il ne me reste plus forcément grand chose après.
Ainsi, fin 2019, après un mois de septembre et d’octobre somme toute assez tranquilles (comprendre : une charge de boulot normale), novembre m’a balancé son lot de deadlines de l’enfer et je n’arrête plus depuis. Exit le mois spécial SF que j’avais prévu. Quasiment pas de lecture donc pas de chronique.
Je manque de temps de cerveau disponible en fait…
Et si j’ai d’innombrables BD et autres essais et romans qui m’attendent sur mes étagères, je reconnais que je délaisse un peu la lecture ces derniers mois pour me plonger plutôt dans les jeux vidéo. Je regarde des streams en bossant et mes moments de temps libre sont consacrés à Subnautica, My Time at Portia ou Children of Morta notamment (ce n’est pas génial écologiquement parlant, j’en suis bien consciente). Et j’attends d’avoir la fibre pour pouvoir tester d’autres jeux plus gourmands en chargement (mais mon PC reste limité niveau performances). Je crois que j’ai besoin de ça en ce moment pour réussir à tenir le coup (oui, je suis une fragile, je sais…).
Ça ne veut pas dire pour autant que je laisse tomber le site. Juste que je ne veux pas (plus ?) me prendre la tête sur des mises à jour et me stresser pour ça (pour ce que ça change sur la fréquentation, franchement…), les chroniques viendront quand elles viendront (on se croirait chez les éditions H…). De même pour d’autres types de billets, comme celui que j’avais commencé sur « Où acheter vos livres ». Ou celui prévu de longue date sur la lecture de BD numérique. Si si, on y croit.
Bref, je ne me sens pas trop de vous dire « Bonne année » même si je vous le souhaite. Il y a trop de lourdeur, de souffrances, de peurs et de doutes autour de nous pour ça. Mais plutôt, « Bon courage » et « Tenez bon ». Oui, rien de moins.
Et on va tenter de survivre à 2020…
(C’était la minute « Joie, bonheur et sérénité » proposée par AfterM, merci à vous !)
Bon courage à toi 🙂
Merci. On va tenter 😀
J’aime bien faire ma carte de vœux (deux, en fait, une pour le nouvel an occidental, une autre pour le nouvel an chinois) et l’envoyer par mail à une série de personnes triées sur le volet. Par contre, moi aussi, je ne pense jamais à dire « bonne année » à chaque personne que je croise. Cela me fatigue aussi, cette « obligation ».
Et bien, aux Éditions H, on a réussi à sortir un livre et il arrive en librairie dans deux semaines. On y a mis le temps car chez nous, effectivement, c’est comme IMHO : ça sortira quand ça sortira 🙂
Allez, bon courage pour 2020. Ceci dit, on en aura tous besoin, de courage 🙂