Volume unique par Pierre Wazem et Tom Tirabosco, édité en VF par Futuropolis, 200x290mm, 120 pages, 20,00€. Sorti en août 2008, réédité en mai 2019.
Disponible en numérique à 14,99€.
Qui dit septembre (enfin… novembre mais vous voyez l’idée !) dit rentrée littéraire y compris pour les BD. Et face à cet afflux de nouveautés, je vous propose la chronique d’une BD… sortie en 2008 et rééditée en mai 2019 pour accompagner la parution d’une nouvelle œuvre du dessinateur Tom Tirabosco. Nous voilà partis pour La fin du monde, scénarisée par Pierre Wazem.
Une voiture en pleine forêt une nuit pluvieuse. Dedans, une femme sur le point d’accoucher, son mari au volant qui l’encourage, leur fils à l’arrière qui s’inquiète. Puis un accident…
Une jeune femme, allongée sur le plancher, discute avec une voix. Dehors, la pluie tombe à verse. On parle de fin du monde. Elle se sent simplement vide. Son copain s’agace et veut qu’elle se bouge enfin. Un coup de fil lui apprend que son père est dans le coma…
Je connaissais déjà Pierre Wazem pour le scénario de Koma, avec Frederik Peeters. On retrouve dans La fin du monde cette atmosphère un peu hors du temps, un peu comme un fil fragile qui nous guide dans une sorte de conte de fées pluvieux, onirique et poétique.
L’héroïne, dont on ne connaîtra jamais le nom, ressent un énorme vide. Elle se sent incapable de quoi que ce soit depuis que cette pluie diluvienne a commencé à effacer le monde sous des trombes d’eau. Elle est en recherche de quelque chose, de réponses face à son mal-être qui la plonge dans l’apathie. Puis elle rencontre une énigmatique vieille dame qui va lui permettre de peut-être enfin trouver ce bout d’elle-même qui lui manque pour vivre.
La fin du monde, c’est la quête initiatique d’une jeune femme à qui il manque trop de bases pour construire sa vie solidement. Enfermée dans sa dépression pluvieuse, tandis que le monde semble voué à une sorte de destruction biblique, elle retourne à la maison de son enfance guetter un secret trop longtemps gardé.
Vision onirique pleine de poésie et de délicatesse, La fin du monde est une lecture plus apaisante que ne pourrait le faire penser le titre et les cinq premières pages. Il est question de mort, de deuil, de famille, tout simplement de comment accepter ce qui a été et qui n’est plus, un abandon, une perte. Parfois cela semble impossible et tout s’arrête, tandis que d’autres doivent tout de même continuer à avancer.
Wazem joue sur les sous-entendus, les non-dits, tandis que le trait de Tirabosco, à la craie grasse si j’ai bien compris, apporte une ambiance unique en ne jouant que sur le bleu et le noir. Les paysages, les visages, les silhouettes, tout pourrait facilement avoir un côté très pesant et déprimant mais la douceur qu’il apporte à ses dessins donne une tonalité beaucoup plus sereine, touchante sans en faire trop. On se laisse alors porter sur les pas d’une héroïne qui aurait pu être agaçante et apparaît juste comme une femme en recherche.
La fin du monde n’a donc rien d’un récit apocalyptique mais s’intéresse plutôt à une renaissance, avec beaucoup d’amour pour faire face à l’absence, sans jugement ni apitoiement.
Charmée par le dessin de Tim Tirabosco, je vais sans nul doute m’intéresser maintenant à Femme sauvage.
Merci pour cette chronique, ça m’a donné envie de relire le titre (que j’avais lu à l’époque de sa sortie originelle). Pour ma part, je suis très fan du travail de Tim Tirabosco depuis ses premières créations notamment chez Les Humanos et chez Atabile. En plus, j’aime beaucoup ce que fait Pierre Wazem, je n’avais donc pas raté la sortie de “La fin du monde”. Et je te conseille fortement de lire “Femme sauvage”, encore une excellente œuvre. Je conseille aussi “Sous-Sols” et “Wonderland” même si je les ai un peu moins apprécié.
Merci. J’avais acheté Femme sauvage peu de temps après, comme tu peux le voir avec la chronique suivante 🙂