Série en 5 tomes par Kyo Yoneshiro, éditée en VF par Akata.
Sens de lecture japonais, 127x180mm, 8,05€.
Disponible en numérique à 4,49€.
Premier tome paru en juin 2019.
Akata continue de nous faire découvrir de nouveaux titres avec cette fois-ci Kanon au bout du monde, une série en 5 tomes de Kyo Yoneshiro.
Le Japon a connu un cataclysme quand des extra-terrestres sont arrivés. Depuis, il pleut beaucoup sur Tokyo et les humains les plus fortunés vivent désormais sous terre pour rester à l’abri des attaques. Kanon n’a pas cette chance, vit en surface et travaille dans un petit café. Un jour, elle voit entrer un nouveau client, l’homme qu’elle aime depuis le lycée, devenu depuis une célébrité dans son travail au SLC, le groupe qui combat les aliens.
Quel intrigant premier volume…
Les premières pages nous font faire connaissance avec Kanon, une jeune femme dont on découvre très vite qu’elle est obsédée par le garçon qui l’a éconduite quand ils étaient au lycée. Et qu’elle le revoit huit ans plus tard quand il vient manger une pâtisserie au café où elle travaille. Ces retrouvailles ne font que raviver encore plus son obsession, même s’il est marié. Elle ne se pense de toute façon pas à la hauteur pour mériter un tel homme qu’elle idolâtre depuis des années, collectionnant tout ce qu’elle peut trouver sur lui.
Alors oui, on va le dire directement : Kanon est mi-pathétique, mi-flippante. Tandis que le pays doit faire face à une guerre sans merci contre des aliens, sur lesquelles on n’apprend que quelques bribes ici et là, elle est focalisée uniquement sur cet homme, Sôsuke, sur lequel elle sait tout… Du moins, les informations qu’elle arrive à récolter sur lui mais le connaît-elle vraiment ?
Certainement pas. Car dans son combat contres les aliens, Sôsuke est très souvent gravement blessé et doit subir une régénération qui, à chaque fois, modifie nombre de caractéristiques, tant physiques que comportementales, de la personne traitée.
Ainsi, à chaque fois qu’elle le revoit, Kanon découvre un nouveau Sôsuke, au caractère et aux goûts changeants. Qui aime-t-elle alors, s’il n’est jamais le même d’un jour sur l’autre ? Mais s’agit-il vraiment d’amour ou pas plutôt de fascination pour l’image qu’elle se fait de lui, sans réel rapport avec qui il est vraiment ? Comme si elle tentait ainsi de ne pas se confronter à la dure réalité du monde qui l’entoure, qu’elle ignore et tient le plus possible à l’écart de sa petite vie qu’elle juge misérable. Peut-être parce Sôsuke lui permet de rester accrochée à l’époque d’avant la catastrophe, quand elle est tombée amoureuse de lui au lycée, et que les lendemains étaient encore radieux.
Kanon est donc assez pathétique dans son obsession limite pathologique pour cet homme qu’elle ne connaît pas vraiment. Et un peu flippante quand elle va rôder vers son lieu de travail, véritable stalker qui s’oublie et se dissout dans son fantasme.
Mais un peu attachante aussi, parce qu’elle semble plutôt lucide sur sa condition et qu’elle arrive à avoir une vie à côté, même si elle souffre d’un sacré manque d’estime d’elle-même.
Et puis Sôsuke n’est pas vraiment plus rassurant. On ne sait pas grand chose de lui et ses multiples changements de caractère, son jeu trouble avec Kanon, ses regards le rendent assez suspect également.
Le dessin m’a tout de suite fait penser à celui de Makoto Sato (Transparent), en plus maîtrisé tout de même, ou encore à Tomoko Ninomiya (Tensai Family Company, Nodame Cantabile). Et parvient à rendre inquiétant le moindre regard…
Le volume 1 se conclue de manière choc et ce cliffhanger, tout comme la personnalité perturbante des deux principaux protagonistes , poussent à s’intéresser au volume 2, qui sortira le 22 août prochain.