Les enfants de la mer. Film d’animation d’Ayumu Watanabe, 1h50.
Sortie en salles en France prévue le 10 juillet 2019.
En 2014, pour faire la chronique des cinq tomes des Enfants de la mer de Daisuke Igarashi chez Sarbacane, j’avais dit que c’était une série dont il était complexe de parler.
Qu’en est-il alors de son adaptation en long métrage en 2019 ?
C’est encore plus difficile d’en parler… Si vous espériez trouver dans cette version plus de réponses que dans le manga, dites-vous que le réalisateur ne les a sans doute pas plus trouvées que vous et qu’il vous laissera vous débrouiller.
Je n’ai pas relu le manga avant d’aller voir le film durant le Festival d’Annecy 2019 (en VOSTA), pas vraiment par choix mais surtout par manque de temps. Je ne sais donc pas précisément quels éléments d’origine sont présents dans la version animée.
On commence néanmoins de la même manière.
Ruka est une collégienne énergique mais un peu trop explosive, ayant du mal à communiquer avec les autres sans que ça se termine mal. Après avoir répondu à coup de coude dans le nez aux provocations d’une autre joueuse, la jeune fille est virée de son entraînement de handball qui devait pourtant lui occuper ses vacances d’été. Elle retourne sans trop savoir pourquoi à l’aquarium où elle passait tout son temps quand elle était petite et y rencontre un étrange garçon, Umi, nageant dans les bassins au milieu des poissons.
Le film ne faisant qu’1h50, il ne peut évidemment pas reprendre toute la densité et la richesse du manga et ses cinq gros volumes. On passe donc relativement peu de temps à l’aquarium, Ruka suivant Umi puis son frère Sora tandis qu’un mystérieux Festival vers lequel se dirigent les peuples de l’océan va bientôt avoir lieu.
Les premières images nous immergent d’office dans la beauté de l’océan. On est avec la petite Ruka devant les bassins de l’aquarium qu’elle découvre et c’est magnifique. Une impression qu’on garde sur la suite du film, pour peu qu’on aime le style graphique de Daisuke Igarashi. Je ne savais pas du tout comment ils allaient réussir à animer le trait personnel du mangaka, assez détaillé, parfois presque tremblant, et le film parvient tout à fait à le rendre vivant, souvent “aérien” dans les passages sous-marins. Les créatures des océans sont superbes, vertigineuses, surtout les baleines évidemment.
Bref, c’est beau.
Du côté de l’histoire, elle est donc simplifiée par rapport au manga, dans le sens où on reste focalisé sur ce fameux festival auquel réagissent tous les animaux marins. On retrouve la question de la luminescence mais les personnages autre que Ruka, Umi et Sora interviennent finalement assez peu, simples témoins d’un truc auquel ils ne sont de toute façon pas conviés.
Je ne sais plus du tout si Igarashi insistait autant sur le lien entre cosmos et océan – l’humain connaît finalement aussi peu l’un que l’autre et apparaît totalement démuni face à ces deux univers qui le dépassent totalement. Cela donne de très belles images là-encore, mais j’ai l’impression que si on ne connaît rien de l’œuvre d’origine, du style du mangaka, on risque d’être totalement largués, lâchés dans un trip explosif et coloré, plein de pensées existentielles sur l’Humain, sa place dans l’univers, la vie, sa création, etc. Facile de totalement décrocher si on attend de comprendre ce que l’on regarde là où il vaut mieux totalement se laisser porter par une sorte de poésie visuelle et onirique.
La musique est signée Joe Hisaishi. Forcément, c’est plutôt joli, mais peut-être un peu trop forte parfois, et aucun thème marquant comme ce compositeur l’a si souvent fait lors de ses collaborations avec Hayao Miyazaki.
Ainsi on retrouve bien le côté absolu et infini de l’œuvre d’origine, la beauté de ses images, la plongée dans les abysses. Mais cela reste assez obscur et mieux vaut savoir dans quoi on s’embarque quand on prend place devant l’écran.
A noter qu’il faut rester jusqu’à la fin du générique de fin car il y a une scène à voir.
Avant de vous plonger dans Les enfants de la mer – le film, je ne peux que vous conseiller de jeter un œil à ma chronique du manga… et peut-être de vous plonger à fond dans les œuvres sublimes de Daisuke Igarashi (même si elles semblent difficiles à trouver en librairies aujourd’hui, heureusement il existe des bibliothèques et médiathèques municipales…).
Merci pour ta chronique et ton avertissement concernant la scène (longue et importante) qui se trouve après le générique. Ayant eu l’occasion de voir le film grâce à Taliesin ce WE, et intéressé par ton texte (car moi et les images qui bougent japonaises en long métrage…), j’ai profité de la projection en étant averti qu’il ne fallait pas chercher du terre à terre dans le scénario. Ceci-dit, la partie cosmique était trop longue et trop “fumée” à mon goût. Mais bon, un film que je ne regrette pas d’avoir vu.