Série en 3 tomes par Ao Acato, éditée en VF par Kana.
Sens de lecture japonais, 127x180mm, 7,45€.
Disponible également en numérique à 4,99€ le volume.
Pour finir l’été 2018, Kana lance une nouvelle série légère et pleine de vie… Contamination par Ao Acato, en 3 tomes.
Yokobashiri, petite ville de presque 90 000 habitants au pied du mont Fuji. C’est l’été, le docteur Tamaki prend son service à l’hôpital central. Un homme est alors découvert inanimé aux abords de l’établissement. C’est un soldat des forces d’autodéfense, stationné dans la caserne de la ville, en grande détresse respiratoire. Très vite, d’autres patients commencent à arriver, dans le même état.
La maladie qui a déjà fait tant de ravages lors des siècles passés vient de refaire surface dans une petite ville japonaise…
Contamination, voilà typiquement le genre de mangas qu’il vaut mieux éviter de lire quand on tousse et qu’on a un peu de fièvre… mais une fois guéris, si vous êtes adeptes de petites séries médicales, de bactéries multirésistantes et de risques d’épidémie mondiale, lancez vous donc dans le premier tome.
Cette série ne cherche pas à faire dans le blockbuster catastrophe spectaculaire à la Roland Emmerich, mais se rapprochera plutôt d’un Contagion de Steven Soderbergh. On rentre rapidement dans l’action, avec des malades agonisants crachant du sang, tandis que les premières analyses lâchent le nom du coupable, le bacille de la peste pulmonaire. Eh oui, pas besoin d’inventer de nouveaux virus technologiques, ou d’attendre après des terroristes avides de pandémie… quand de simples puces sur des rongeurs peuvent entraîner la disparition de 2/3 de l’humanité comme durant le Moyen-âge en Europe.
Mais nous ne sommes plus au Moyen-âge, désormais armés d’antibiotiques capables de stopper net la progression de l’épidémie. Mais est-ce si simple ?
Le docteur Tamaki, énergique médecin un peu abrupte dans son approche mais volontaire et efficace, va devoir faire face aux pires cas de sa jeune carrière. Là encore, on évite le personnage surjoué et trop grandiloquent, avec à la place une jeune femme attachante, motivée mais également sensible face à ses limites et à celles de l’humain en général contre un ennemi aussi puissant qu’invisible.
On évite également de s’appesantir trop longtemps devant les dénégations des autorités, de la hiérarchie, habituellement trop souvent poussées à leur paroxysme jusqu’à perdre toute crédibilité : on n’est pas dans un téléfilm catastrophe du samedi après-midi sur TF1. Même si Tamaki doit un peu pousser et ruer dans les brancards, la situation est rapidement prise au sérieux et on ne perd pas de temps dans des palabres juste là pour rajouter une tension artificielle mal fichue. Pas besoin de ça pour rendre la situation difficile : la maladie s’en charge très bien toute seule.
Ainsi, même si je ne jugerai pas du réalisme des réactions médicales, Contamination a le grand mérite de ne pas chercher l’esbroufe et de jouer plutôt la carte de la vraisemblance, sans jamais avoir besoin d’en faire trop. Les victimes s’accumulent, des décisions difficiles doivent être prises… et même s’il y en a toujours qui ne jouent pas le jeu et tentent d’en profiter, on ne sort pas la carte « panique excessive, folie généralisée, chaos dans les rues ».
Et ça ne rend pas pour autant l’histoire fade ou inintéressante : l’auteur sait habilement gérer ses personnages, en gardant toujours l’équilibre entre le drame et la simplicité du quotidien, nous proposant une jolie galerie d’individus auxquels on s’attache petit à petit… même si on ne sait pas vraiment qui sera toujours vivant à la fin de la série.
Histoire prenante et équilibrée, narration rythmée, personnages intéressants, tension forte mais pas insupportable, avec même quelques moments d’espoir, Contamination est une lecture efficace et bien menée, sobre et jamais gore.
Et puis un manga qui pousse à ce point à lire La Peste d’Albert Camus, ce n’est pas si courant !