Le palmarès du 42e Festival d’Annecy a été rendu hier soir lors de la cérémonie de clôture. Petit retour sur les films récompensés parmi ceux que j’ai vus (ou aurais voulu voir). L’ensemble du palmarès est évidemment disponible sur le site officiel.
LONGS MÉTRAGES
Cristal du long métrage : Funan de Denis Do (Belgique, Cambodge, France, Luxembourg)
Je n’ai pas pu voir ce film, à cause d’horaires de projection qui ne m’allaient pas du tout. Mais les échos que j’en entendais ici et là m’ont vite fait comprendre qu’il avait de bonnes chances de remporter la compétition. Je trouve alors d’autant plus regrettable que la sortie officielle dans les salles soit… le 13 mars 2019. Dans neuf mois ?? Je ne comprends pas…
Prix du Jury / Prix du public/Première : Parvana, une enfance en Afghanistan de Nora Twomey (Canada, Irlande, Luxembourg)
Celui-là aussi, je le voyais venir. En tout cas, le Prix du public me semblait évident. Excellente nouvelle pour ce très beau film que vous pourrez découvrir en salles dès le 27 juin prochain. Et je vous invite à lire ma chronique si ce n’est pas déjà fait.
Mention du Jury : La casa lobo de Cristóbal León, Joaquín Cociña (Chili)
Je n’ai pas vu ce film qui semble vraiment très expérimental et réservé à un public averti (rien d’explicite, juste que ça semble assez spécial) comme le laisse supposer la bande-annonce. Pas sûr que ce prix suffise à lui permettre une sortie dans les salles françaises…
COURTS MÉTRAGES
Cristal du court métrage : Bloeistraat 11 de Nienke Deutz (Belgique, Pays-bas)
Un des courts dont j’ai parlé dans mon billet récap d’hier. Un court assez spécial niveau technique mais très intéressant dans ce qu’il décrit et parvient à faire passer.
Prix du Jury / Prix du public : Weekends de Trevor Jimenez (États-Unis)
Un autre court de mon billet récap. Un très joli film sur un enfant ballotté entre ses parents divorcés. Pas du tout étonnée de ces prix.
Prix « Jean-Luc Xiberras » de la première œuvre : Egg de Martina Scarpelli (France, Danemark)
Et encore un film de mon billet récap ! A croire qu’il n’y a pas que moi que cette œuvre a étrangement fascinée…
Mention du Jury : Biciklisti de Veljko Popovic (Croatie, France)
Autant j’avais beaucoup aimé le précédent court de ce réalisateur en 2016, Planemo, autant je n’ai pas du tout été sensible à celui-ci. Une course-cycliste où les deux leaders sont rivaux pour séduire une femme… et quand je parle de séduire, je parle juste de « se la faire ». Dans toutes les positions possibles et imaginables. De grands romantiques, nos cyclistes ! Peut-être qu’entendre le réalisateur aux petits dej du court m’aurait permis de mieux adhérer ? Je ne sais pas.
J’en reste là pour ce palmarès, que vous pouvez donc retrouver en intégralité sur le site officiel (parce qu’il y a beaucoup plus de prix que ça…).
Que retirer de cette 42e édition et de ma 17e participation ? Plutôt du positif, en tout cas, plus que l’année dernière. Notamment grâce à une météo plus clémente : oui, on a eu un peu de pluie les trois premiers jours mais les températures sont restées très supportables, là où en 2017, c’était caniculaire. Mine de rien, ça change beaucoup de choses sur le ressenti.
Lundi a été une journée un peu difficile, dont je suis revenue totalement lessivée, sans savoir pourquoi. Je n’avais fait que deux séances, j’avais même largué la troisième prévue mais j’étais rentrée dans un état de loque. A deux doigts de ne pas continuer.
La suite s’est beaucoup mieux passé. J’ai pu faire 11 séances, 5 longs métrages, 4 conférences de presse associées, 5 courts métrages, et la séance spéciale du Grand Sommeil pour l’hommage à Isao Takahata. Je regrette un peu d’être allée voir Dilili à Paris mardi matin, là où j’avais au départ prévu de faire les petits dej du court de 9h à 10h15 puis le WIP sur Les hirondelles de Kaboul à 11h15. Ça aurait été plus proche de ce que j’aime dans ce Festival. Mais tant pis…
Pas été du tout voir du côté de la salle de VR, je n’y ai simplement jamais pensé.
Je crois que je réalise seulement maintenant que ce Festival est désormais devenu tellement énorme qu’on est obligé de se spécialiser dans ses choix de projections, là où il y a quelques années, on pouvait rester assez généraliste et voir de tout. Il y a simplement aujourd’hui beaucoup TROP de séances pour pouvoir être complet. Il faut inévitablement se concentrer sur des domaines précis et accepter la frustration de ne pas pouvoir en voir plus. D’autant plus quand on est limité dans le nombre de séances qu’on peut faire comme moi. Rien qu’au niveau des longs métrages, on en a plus d’une vingtaine désormais.
Je parlais plus haut de ce que je recherchais dans ce Festival. Je m’en suis rendu compte cette année. Ce ne sont pas les films. Bien sûr, ils ont une part importante, beaucoup d’entre eux ne sont pas visibles ailleurs que dans ce genre de festivals et c’est un privilège d’y avoir accès. Mais ce que je retiens de mes précédentes éditions, ce sont les rencontres. Matt Groening, le regretté Isao Takahata, la légende Ray Harryhausen, Jung, Leiji Matsumoto, Guillermo del Toro, Pete Docter venu nous raconter la genèse de Vice-versa par sa fille, des réalisateurs de courts métrages avec qui j’ai pu directement discuter de leur film qui m’avait beaucoup touchée, etc. J’aime profondément voir et ressentir cet enthousiasme et cette passion que toutes et tous viennent partager dans des moments comme les conférences des longs métrages, les petits dej des courts, les WIP. Tant de moments où on ressent tellement d’amour et de bonheur dans ces actes de création un peu magiques. Qu’ils soient connus/reconnus ou pas encore, utilisant les techniques les plus habituelles désormais comme la 3D ou plus étonnantes comme un écran d’épingles ou de l’animation sur sable. Qu’ils et elles en soient tous et toutes remercié·e·s, avec l’espoir qu’ils et elles puissent tous et toutes continuer à nous apporter encore tant d’émotions et de questions sur le monde.
Lors de sa conférence de presse, Mamoru Hosoda disait qu’il y avait désormais moins de différences entre les courts et longs métrages. Autant à une époque, les courts étaient synonymes de travail d’auteur et les longs plutôt tournés purement commerciaux, autant aujourd’hui il ressentait moins cela, les longs métrages étant plus diversifiés. Je dois reconnaître être assez d’accord.
Bien sûr, vous avez les grosses prod Disney, Dreamworks et cie, mais elles peuvent aussi avoir leur touche d’originalité, et il y a désormais beaucoup plus que ça. Des styles très variés, des histoires sur tout, ciblant plusieurs types de publics. C’est important, il faut protéger et soutenir cette richesse, autant que possible. D’autant plus dans une société comme la nôtre où tout semble devoir prouver son utilité commerciale pour avoir l’autorisation d’exister. La création n’a pas à être pragmatiquement utile et rentable.
A côté de ça, je remarque depuis quelques années à quel point, niveau court métrage, il devient rare d’avoir un film simplement drôle. Je me souviens d’éditions il y a une dizaine-quinzaine d’années où on pouvait se rouler par terre avec certains films. Alors que depuis plusieurs éditions… c’est quand même assez glauque.
Sans doute que le monde de l’animation ne fait que refléter notre monde et qu’il ne prête plus vraiment à rire. Chômage, suicides, dépressions, solitude, guerres, maladies, déshumanisation… Autant de sujets constamment questionnés, mis en scène, décortiqués au fil des éditions.
En contrepartie, contente de voir la question de la place des femmes dans le milieu de l’animation enfin traitée. A voir si ce ne sera qu’un feu de paille et que les « bonnes » vielles habitudes reviendront aussi vite une fois que certains se seront donnés bonne conscience… mais j’espère réellement que l’élan va continuer.
Non, les femmes n’ont pas une vision différente du monde parce qu’elles sont des femmes mais parce que notre monde reste sexiste et que notre manière d’être au monde est différente selon qu’on est perçu comme masculin ou féminin. Qu’on ne connaît alors pas les mêmes expériences, qu’on n’a pas les mêmes vécus. Et qu’on n’a donc pas la même chose à transmettre et partager.
Et pour autant, « les femmes » ne sont pas un groupe homogène, bien au contraire. D’où l’intérêt de les laisser parler, pour multiplier et diversifier les points de vue.
Bon, et l’année prochaine ? En début de semaine, je disais vouloir désormais limiter mon expérience Festival. Je maintiens cette idée d’allègement. Mais en 2019, le Festival, du 10 au 15 juin, aura comme invité… le Japon. Ils ne me facilitent pas les choses.
Je pensais désormais me contenter de l’accréditation Festival (3 fois moins chère que l’accréditation Rencontres) mais j’avais oublié que cela m’empêcherait l’accès aux WIP et autres Making of. Alors certes, cette année par exemple, je n’en ai fait aucun. Mais je ne peux pas le savoir à l’avance, au moment où j’achète mon accréditation (je l’achète en février-mars, le programme commence à sortir en avril).
Donc je ne sais pas. Je sais juste qu’en 2017, il y avait eu dans les 10000 accrédités, et plus de 11700 cette année. De plus en plus de monde. Pas certaine qu’Annecy soit en capacité de pouvoir gérer tout ça.
Une édition en tout cas plutôt cool. Bravo encore à l’équipe et aux bénévoles, qui ont sacrément assuré. Et je vous laisse avec le film d’ambiance de cette année (où j’apparais, je ne vous dirais pas où, mais même en vidéo, j’arrive à planquer ma tête :D).
Demande un pass presse, comme il y a quelques années, ça réglera le problème… 🙂
Ceci dit, je n’ai aucune idée des conditions actuelled pour pouvoir y prétendre (ça a dû bien se durcir), ça fait trop d’années que je ne le demande plus pour moi (pour les dernières éditions suivies, j’y retournais en tant que « pro », préférant payer que de monter des dossiers de demande).
Je ne peux plus prétendre à l’accréditation Presse, pourquoi crois-tu que je lâche 190€ pour avoir accès à moins de choses désormais 🙂
Tsss… les rats ! On croirait voir la SEFA avec Japan Expo 🙂
Ben, c’est surtout qu’il y avait beaucoup trop d’accrédités Presse qui n’avaient pas à l’être, surtout dans le milieu web. Vu mes chiffres de fréquentation, aucun intérêt de me laisser en Presse.