Série en cours par Noelle Stevenson, Grace Ellis, Shanon Waters et Brooke Allen, édité en VF par Urban Comics en août 2017, 178x241mm, 280 pages, 14,00€.
Il y a quelques années, je vous avais parlé de Nimona, l’extraordinaire BD de Noelle Stevenson. Voulant savoir si elle avait sorti autre chose depuis, j’avais vu qu’elle travaillait, avec d’autres autrices, sur Lumberjanes, une BD jeunesse. Je n’étais pas allée plus loin, bêtement.
Il y a quelques mois, encouragée par l’enthousiasme d’une fidèle mangaversienne (merci, yad !), j’ai testé les premières pages de la VO en numérique sur Comixology. J’avais bien vu qu’Urban Comics avait sorti le premier tome en VF mais… Et finalement, quand ce même éditeur a ressorti une nouvelle édition, un volume regroupant les deux premiers tomes VO, en août 2017, je me suis laissée tenter par ce joli objet, totalement happée par l’explosion de couleurs des pages.
Jo, Mal, Molly, April et Ripley, les meilleures amies du monde, passent leur été au camp des Lumberjanes. Un camp de vacances pour obtenir tous les badges, affronter leurs peurs, apprendre à se débrouiller, découvrir la nature… et peut-être affronter des renards à trois yeux, des femmes-ours, des raptors et autres créatures qu’on ne trouve habituellement pas dans les bois…
Quand j’étais gamine, j’étais une grande fan des Castors Juniors (c’était il y a presque 30 ans, il y a prescription). En tant que petite fille amoureuse de la nature et rêvant de grandes aventures (on est invincible quand on est gamin), je n’avais hélas qu’une troupe de canetons pour me servir de modèles. En me plongeant dans la lecture de ce premier tome de Lumberjanes, j’y ai évidemment pensé : j’aurais adoré ça dans mes jeunes années ! Une troupe de filles, toutes différentes, diversifiée, qui vit de grandes aventures dans un camp scout, allant de la fabrication de bracelets de l’amitié à la chasse aux divinités grecques, s’entraidant, créant des plans farfelus, ne les suivant jamais, domptant des dinosaures, triomphant d’une bande d’ado boutonneux ensorcelés… Lumberjanes représente précisément ce que tant de petites et jeunes filles devraient pouvoir lire pour grandir en toute indépendance, se découvrant capables de tout faire sans avoir besoin d’attendre une autorisation ou l’aide d’un garçon. Un peu butch ou super girly, intrépide ou super-prudente, posée ou hyper-active, qu’importe, chacune est accueillie et acceptée comme elle est, sans jugement, poussée à donner le meilleur d’elle-même tout en sachant qu’elle sera soutenue et épaulée par les copines, prêtes à relever tous les défis. Pour une fois que la solidarité féminine est mise en avant et célébrée ! Et ça fait tellement de bien de lire ça !!
Les aventures de ces Lumberjanes sont drôles, délirantes, rythmées, bourrées d’énergie et de fraîcheur, nous emportant rapidement dans un tourbillon de bonne humeur et d’intelligence où on ne prend pas les lectrices, jeunes ou moins jeunes (et sans doute les lecteurs également) pour des imbéciles.
Une des créatrices – c’est une œuvre collective, créée par Shannon Waters, Grace Ellis, Noelle Stevenson, Brooke Allen – dit que tout a été pensé au départ comme un dessin animé du dimanche matin, et je trouve justement que ce serait parfait pour une adaptation en série animée (je crois qu’un film live est prévu).
Le succès a d’ailleurs été au rendez-vous, Prix Eisner de la meilleure nouvelle série et de la meilleure publication pour adolescents en 2015 notamment – si bien que la mini-série de huit épisodes (tous regroupés dans ce premier tome) voit depuis sa publication se poursuivre.
Le dessin de Brooke Allen et Carey Pietsch est énergique, attachant, sortant des canons habituels, donnant une touche très spécifique à la série. La mise en couleurs de Maarta Laiho est un régal pour les yeux, sachant créer des ambiances à chaque aventure des Lumberjanes.
On ne s’ennuie pas une minute à suivre leurs péripéties et j’ai particulièrement apprécié les petites touches romantiques posées ici et là entre deux des filles de la troupe. C’est incroyablement mignon et tellement important !
Bref, ce premier tome de Lumberjanes est une petite pépite d’énergie et d’humour que vous pouvez aussi bien laisser dévorer par votre cousine de 14 ans que par vous. Original, joyeux, immersif, ce Scooby-do au féminin a de quoi réjouir.
J’espère qu’Urban Comics poursuivra relativement vite la publication (ou alors, je repartirai sur la VO, parce que le lettrage manuel d’Aubrey Aiese est incroyable)…