Volume unique par Scott Beatty, Chuck Dixon et Marcos Martin, édité en VF par Urban Comics en février 2015, 185x285mm, 224 pages, 19,00€.
En octobre 2015, j’avais fait une chronique sur Batgirl en version DC Renaissance dont le premier volume m’avait bien plu (avant un deuxième tome nettement plus inintéressant). On m’avait alors conseillé de jeter un œil à une précédente version de la justicière de Gotham avec le one-shot Batgirl – Année un de Scott Beatty, Chuck Dixon et Marcos Martin.
Ce volume assez épais – 224 pages – reprend les origines de Batgirl : Barbara Gordon, fille du bientôt commissaire du même nom, a des envies de justice. Elle refuse de rester assise derrière un bureau à trouver des informations pour les autres mais veut les rejoindre sur le terrain. Mais avoir un haut gradé de la police dans la famille n’ouvre pas forcément des portes et son allure de jeune fille sage la rend peu crédible aux yeux des autorités qu’elle voudrait intégrer. Reste la possibilité du masque à porter pour combattre le crime qui ronge sa ville. Mais l’homme chauve-souris, s’il est pourtant accompagné par un ado acrobate au costume coloré, n’aime pas trop la concurrence et n’a pas très envie de voir une débutante le déranger dans sa croisade contre le crime.
On assiste donc au fil de ces neuf chapitres à la naissance de Batgirl. Une revisite de sa naissance datant de 1967, réactualisée et centrée sur elle et son regard sur la voie difficile qu’elle a choisie de suivre. Son premier adversaire pour se faire les griffes est une mite hargneuse et aigrie, pas bien méchante jusqu’à être rejoint par un pyromane jusqu’au-boutiste. Rien de tel qu’un nouveau duo de méchants instables pour permettre à Barbara de pleinement saisir dans quel foutoir elle a décidé de se lancer. On suit de près ses pensées ce qui permet de comprendre qu’au delà d’un sens de la justice développé, héritage familial, la jeune femme a surtout des envies de montrer à ceux qui ne cessent de la rabaisser qu’elle vaut mieux que ça et qu’elle n’a pas besoin d’eux pour briller.
Sauf que…
Porter un costume et péter la tronche des méchants n’est pas forcément le meilleur moyen de trouver la gloire : les justiciers de Gotham s’en sortent mieux quand ils restent dans l’ombre et que leur photo ne fait pas la Une des journaux. Ces premières épreuves que doit surmonter Barbara, avec l’aide d’un Robin quelque peu émoustillé et d’un Batman sévère et rigide mais juste, lui permettront de tester sa détermination face aux risques qu’elle va devoir prendre, aux choix qu’elle va devoir faire et aux conséquences de sa nouvelle identité.
J’imagine que ce n’est pas pour rien qu’elle fait constamment référence à l’oracle Cassandre au fil de l’évolution de sa découverte de la vie de justicière, quand on sait quel avenir l’attend après une malheureuse rencontre avec le Joker dans le fameux Killing Joke d’Alan Moore et Brian Bolland (que je n’ai pas trop le courage de lire pour le moment). On rencontre également Black Canary et Green Arrow, ce Batgirl – Année Un est l’occasion de faire un tour assez prenant que ce soit pour les néophytes comme moi qui ne connaissent que quelques détails par ci par là que pour des amateurs plus éclairés qui trouveront sans doute plein de références planquées au fil des pages.
Le dessin est assez classique mais totalement maîtrisé et efficace et la narration sait être dynamique quand besoin, sans pour autant rendre les scènes d’action illisibles. On joue également beaucoup avec la chronologie, entrecroisant plusieurs événements sur une échelle non linéaire, rendant alors l’histoire très rythmée tout en parvenant à ne jamais nous perdre. On remet facilement les éléments dans l’ordre et ça permet de gagner en intensité, sans compter des cadrages efficaces et spectaculaires sans chercher le tape-à-l’œil.
Bref, ce Batgirl – Année Un est effectivement une belle découverte des débuts de Barbara Gordon sous son masque (même si niveau costume, je garde un faible pour celui de Renaissance…).
Bonjour
je suis un lecteur « vintage » et je suis très heureux de lire ta chronique sur ce volume précis car j’ai à cœur de « défendre » les titres d’avant « renaissance » que j’ai trouvé très-trop-réducteurs tout en avançant une idée de « mise à jour-ringardisant » les anciens titres.
J’avais à l’époque tiqué sur le nouvelle Barbara finalement plus simple, plus cliché et moins complexe que la version « classique ».
Je salue ton ouverture d’esprit, la qualité de tes articles et la diversité de ton site.
Merci à toi. C’est toi justement qui m’avais conseillé cette lecture donc double merci !
Les titres « Renaissance » sont sans doute à la base pour des lecteurs/trices comme moi qui n’avons pas connu la période précédente. Ils sont un bon moyen pour se familiariser avec des personnages… pour pouvoir ensuite justement découvrir leur version précédente, effectivement plus fournie, complexe et développée. Je pense qu’il faut les prendre comme ça. Une invitation à aller plus loin…
C’est qu’on s’y perd, à force, dans toutes ces versions 🙂