Série en cours par Arthur de Pins, éditée par Dupuis, 240x320mm, 14,50€.
Volume 1 paru le 27/08/10.
Volume 2 paru le 26/08/11.
Volume 3 paru le 08/11/13.
Le Festival d’Annecy 2017 devrait me permettre d’assister à une projection du film d’animation Zombillénium d’Arthur de Pins et Alexis Ducord (sortie officielle en octobre 2017). Et comme j’aime bien connaître le matériau d’origine quand c’est possible, j’en ai donc profité pour lire en numérique les 3 albums de la série (sur les 6 prévus en tout) sortis pour le moment.
J’avais découvert Arthur de Pins par l’animation et son court métrage hilarant La révolution des crabes lors d’un précédent Festival d’Annecy. La boucle est donc bouclée…
Zombillénium, c’est un peu comme le parc Astérix. Sauf qu’au lieu des gaulois et des romains déguisés, vous avez des loups-garous, des zombies, des vampires, des démons, des momies et autres créatures croisées habituellement dans une fiesta Halloween. Et le fait que ce ne soit pas des gens déguisés mais de vrais loups-garous, zombies, vampires, démons, momies et autres morts en CDI (Contrait à Durée Indéfinie).
C’est ainsi qu’Aurélien, qui vient d’apprendre que sa femme le trompe, se retrouve par un malheureux concours de circonstances vraiment foireuses et meurtrières embauché sans vraiment comprendre comment dans ce fameux parc aux attractions criantes de vérité (et de terreur). Bienvenue dans la grande famille des morts maudits, Aurélien !
Ce n’est pas courant que je m’intéresse à des BD classiques 48 pages couleurs. Et j’avoue que la version numérique sur une tablette 7 pouces n’est pas super agréable à lire, demandant trop de zooms qui empêchent de profiter de l’ensemble de la page. Néanmoins, cette lecture a été plutôt sympa et drôle…
Le style graphique d’Arthur de Pins ne passe pas inaperçu : très lisse et “ordinateur” et pour autant, pas du tout froid ou impersonnel. Au contraire, le trait est dynamique, chaleureux, expressif, ne cherchant pas le réalisme mais sachant donner des “têtes” à ses personnages. Il nous propose ainsi une galerie haute en couleurs, que ce soit Francis le directeur vampire, Aton la momie showbiz et son costume de Cloclo, Gretchen la stagiaire sorcière qui cache bien des choses et tous leurs collègues qui tentent de se satisfaire de cette vie après la mort au service d’un public humain totalement aveugle, borné et… appétissant.
Si le premier tome nous présente les lieux, les personnages, leurs caractéristiques, le fonctionnement du parc, avec son fameux système de licenciement du genre définitif, le deuxième balance un gros grain de sable dans les rouages, démontrant aussi bien la capacité d’entraide des fameux “monstres” même si la cohabitation a souvent du mal à tenir – oui même la mort a sa lutte des classes – que la facilité qu’ont les humains a laisser parler leur côté nettement plus monstrueux face à ce qu’ils craignent ou ne comprennent pas. Et le troisième nous en apprend plus sur la raison d’être du parc, qui n’a pas pour seule vocation de fournir quelques petites frayeurs aux humains en échange du contenu de leur carte bancaire. Les démons sont capitalistes mais pas que…
Bref, le dessin est très sympathique et accrocheur, les personnages attachants et bien construits, l’histoire efficace et bien rythmée, sans oublier des dialogues souvent très drôles, entre situations cocasses et réparties très ironiques.
La série a reçu en 2012 le Fauve du meilleur album jeunesse à Angoulême avec le volume 2 mais cela n’empêche absolument pas les lecteurs plus âgés d’y trouver leur compte, notamment du côté de la critique pas du tout cachée d’un monde du travail focalisé aujourd’hui uniquement sur le rendement et la rentabilité au mépris d’employés totalement largués et quelque peu blasés.
Ces 3 premiers tomes sont drôles, prenants, originaux, jouissifs, sachant mettre en scène des questions du quotidien – rejet de la différence, ultra-capitalisme, désespoir, relations familiales tendues – avec humour et intelligence.
Six tomes sont apparemment prévus. Le volume 4 se fait attendre pour une bonne raison : le travail pour la sortie du long métrage d’ici quelques mois…