17 mai 2022

BDTK 11 : Le féminisme

Volume unique par Anne-Charlotte Husson et Thomas Mathieu, édité par Le Lombard en octobre 2016, 139,5x196mm, 88 pages, 10,00€. 

Le féminismeA l’occasion de cette journée internationale de lutte pour les droits des femmes, je chronique enfin un nouveau volume de la collection La petite bibliothèque des savoirs, consacré au féminisme. Aux commandes, Anne-Charlotte Husson, doctorante en science du langage spécialisée dans le discours lié au genre et féminisme, que vous pouvez lire sur son blog Genre !, et Thomas Mathieu, qui avait lancé le Projet Crocodiles il y a quelques années, ayant mis en image le témoignage de femmes harcelées et agressées. Cela avait d’ailleurs donné une BD, Les crocodiles.

Le duo se donne donc pour lourde tâche de nous introduire au féminisme au travers de sept slogans, permettant le développement et l’explication de plusieurs sujets phares.
L’avant-propos de David Vandermeulen, citant des textes bien misogynes, qu’ils viennent de Grèce ou de Chine, donne déjà le ton : même si certain.e.s continuent de le nier, les femmes dégustent et ce depuis des siècles…
La BD proprement dite s’articule donc autour de sept slogans ou citations, nous permettant aussi bien de voyager dans le temps que dans le monde. On y croise Olympe de Gouges, qui paya de sa vie sa contestation du système patriarcal lors de la Révolution française après avoir écrit sa déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, les accusées de Bobigny dont le procès permit l’accès à l’IVG avec la loi Veil ou encore Simone de Beauvoir et son fameux livre Le deuxième sexe, qu’on peut voir comme le lancement aux études de genre aujourd’hui très présentes aux Etats-Unis et si décriées en France par une poignée de réactionnaires particulièrement bruyants.
On y montre surtout que de la même manière qu’il n’y a pas “LA femme” mais des femmes, il n’y a pas UN féminisme mais plusieurs courants, partant d’une même volonté mais divergeant parfois énormément sur les moyens à employer et les pensées fondamentales. Féminisme radical, féminisme bourgeois, féminisme intersectionnel, comme le Black Feminism américain ou l’afro-féminisme français, ou le féminisme queer… Féminisme abolitionniste (contre la prostitution ou la pornographie) ou pro-choix, constructiviste s’opposant à un quelconque ordre naturel reléguant les femmes à un seul rôle procréatif et intérieur, etc.
Enfin, on aborde évidemment la question des violences faites aux femmes, nombreuses, multiples, mondiales, aux chiffres toujours aussi effrayants. Un fléau encore trop présent partout…

Le dessin de Thomas Mathieu, simple, facile d’accès, permet une compréhension immédiate de données qui pourraient sinon effrayer : nous ne sommes pas là face à un ouvrage pointu de sociologie mais dans une introduction au féminisme, passionnante, plurielle, permettant de bien réaliser la diversité des points de vue, des combats, des parcours. D’ailleurs, le volume se termine par des paroles de jeunes féministes, permettant de saisir à quel point ce combat forcément collectif, et politique, peut prendre de multiples visages.
Anne-Charlotte Husson a d’ailleurs écrit un billet sur son blog sur l’écriture de l’ouvrage, pour bien saisir l’approche choisi.

Encore une fois, la collection BDTK ne déçoit pas et propose là un ouvrage précieux, bourré d’informations sans submerger, donnant de nombreuses pistes, des noms, des livres, des histoires permettant à qui le souhaite d’approfondir le sujet.
Un ouvrage à mettre entre toutes les mains, à l’évidence…

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