Volume unique par Ibn Al Rabin et Frederik Peeters, édité par Atrabile, 230x310mm, 72 pages, 18,00€. Sorti en mai 2014.
En 2001 paraît aux éditions Drozophile, spécialisées dans la sérigraphie, Les Miettes, sur un scénario d’Ibn Al Rabin mis en images par Frederik Peeters. 900 exemplaires trouvent preneurs, rendant très vite l’acquisition de l’objet difficile.
En mai 2014, les éditions Atrabile proposent une nouvelle édition, permettant alors aux malheureux comme moi de pouvoir profiter de l’humour loufoque de cette non-histoire totalement foireuse.
Au départ, il y a un train à vapeur style western. Un train qui ne transporte pas que de simples voyageurs, mais également un baron en haut-de-forme et un comte en tunique dont le plan est de détourner l’engin vers Vaduz qui est, comme chacun sait, la glorieuse capitale du non moins glorieux Liechtenstein. Noble pays à qui ils comptent enfin donner l’envergure internationale qu’il mérite à leurs yeux. Un plan donc a priori parfait si vous n’y rajoutez pas deux jumeaux rendus siamois, cultivés mais très cons, un alchimiste distillateur de pastis, un charmeur de voies rasta et des bandits guerilleros san marinais jusqu’au-boutistes….
Durant 66 pages en très belle bichromie, on assiste donc à un parfait bordel pas du tout organisé mais totalement assumé, où chaque membre de la bande de détourneurs de train est plus branque que son collègue, entre les grandes gueules, les délicats de la gâchette, les chatouilleux du langage, les maladroits, ceux qui ne tiennent pas le pastis, les fiancés pas franchement consentants. Le mélange des genres qu’apporte chaque personnage amène dès le départ le côté complètement frappé qui ne cessera de se dégager de tout l’album, avec des dialogues hilarants, où chaque mot a clairement été savamment travaillé et choisi.
Étonnamment, au final, le plan de départ paraît presque plausible en comparaison de tout le reste, tellement tout ce qui pouvait faire foirer l’ensemble a été encore plus foireux que prévu. On ne sait pas du tout où cela nous mène et on s’en fout, nous régalant aussi bien d’un scénario totalement improbable, farce totale qui arrive incroyablement à tenir sur ses pattes, que du superbe dessin au pinceau d’un Peeters inspiré, parvenant à mettre en image avec force, énergie et humour la folie grotesque de ce bordel joyeusement foutraque.
L’ensemble est vraiment beau – bel objet, belle impression – et rend un touchant hommage à ce petit bijou d’absurde, mêlant absolument tout et n’importe quoi sans jamais perdre en poésie, en lyrisme et en jeux de mots aussi recherchés qu’inattendus. Certainement pas un album très grand public mais à découvrir pour les amateurs d’ovni BD drôles et jubilatoires.
J’ai feuilleté la version Atrabile, que j’ai trouvé, moi aussi, très réussie. Mais comme je suis l’heureux possesseur de la version Drozophile, je n’allais pas racheter le titre. D’ailleurs, si je me suis intéressé à Frederik Peeters, c’est grâce à toi et à ta chronique sur Pilules Bleues. Alala, ça ne nous rajeunit pas tout ça 😀
Moi aussi, je me suis intéressée à Peeters avec ta chronique des Pilules bleues ^^ . Puis j’ai fini par beaucoup aimer Lupus surtout, et Aâma aujourd’hui 😉 .