Volume unique par Kaho Nashiki et Iku Dekune, édité en VF par nobi nobi !, 200x255mm, 56 pages, 13,50€, sorti en février 2014.
La littérature jeunesse ne fait (toujours) pas partie de mes habitudes de lecture même si les parutions de nobi nobi ! commencent à se faire leur place dans ma bibliothèque : La maison en petits cubes, 1000 vents, 1000 violoncelles, Bonolon, Pan’Pan Panda… et désormais Le peintre. Encore un bel exemple qui prouve que littérature jeunesse peut rimer avec poésie et profondeur.
Shinya est peintre. Pas de chevalet pour lui car sa surface de travail, ce sont les murs. Il est peintre en bâtiment. Comme son père, qu’il n’a jamais connu vu que celui-ci est mort lors d’un apprentissage en France. Mais Shinya veut en apprendre plus, sur les ficelles de son métier comme sur cet homme au parcours si particulier…
J’ai énormément pensé à La maison en petits cubes lors de la lecture de ces 56 pages : une même douceur, une même bienveillance, une même poésie, une même recherche du beau sans pour autant courir après une esthétique parfaite et lisse mais plutôt un trait touchant, émouvant. Assez simple, presque naïf mais où chacun des multiples traits de couleur, chacun des coups de pinceau d’Iku Dekune – à la base aquafortiste mais utilisant ici la peinture – raconte sa propre histoire.
Ainsi, ce peintre ne cherche pas à créer une œuvre à exposer dans un musée mais un décor unique qui parlera à chacun de ses clients, au plus profond d’eux-mêmes. Trouver LA teinte qu’ils attendent parfois sans même en avoir conscience. Pas quelque chose de primaire, basique, manichéen mais une couleur qui reflète leurs attentes les plus cachées, quitte à parfois les surprendre et les énerver qu’un étranger ait pu si bien percer à jour leur demande qu’eux-mêmes n’avaient pu vraiment comprendre ou formuler.
Au delà de cette histoire a priori simple, les deux auteures parlent aux enfants comme aux adultes de la vie, de ses difficultés, des épreuves à franchir pour grandir, de ces choses qu’on ne peut vraiment comprendre qu’avec le temps et l’expérience. Au travers du parcours initiatique de Shinya à la poursuite d’un père, d’un but, d’un idéal, on perçoit toutes ces petites couches de vie qui s’additionnent les unes aux autres pour donner cette teinte, cette couleur si particulière, unique pour chacun. Une couleur que Shinya apprend à dénicher, à sentir pour mieux parler à l’âme de ses clients, à la recherche d’eux-mêmes. Chacun suit ainsi sa propre quête, composant ses propres teintes au fil des années qui passent.
Chaque page, au travers des multiples touches de couleur, dégage une sérénité et une beauté unique, subtile, chaleureuse et tendre, avec un texte sensible et accessible. Le peintre devient alors de ces albums qui émeuvent à chaque âge, chacun pouvant y trouver sa propre profondeur, ses propres questions et ses propres réponses. Une œuvre du genre de celles qu’on retrouve après des années pour s’y replonger et comprendre un autre niveau de nuance et de délicatesse.
Signalons encore une fois la qualité matérielle du livre, avec sa couverture toilée très inspirée et son niveau d’impression sans défaut. Pour ce type d’ouvrages, c’est évidemment primordial. Et ici réussi.
Pourtant il y a pleins de trucs cools parmi les albums et les livres pour la jeunesse. Le rayon jeunesse des librairies regorge de belles choses. Et l’album que tu présente m’intéresse pas mal.
Tu devrais essayer de regarder ce qui se fait chez Picquier, il y a des merveilles !
Je n’ai aucun doute là-dessus, crois-moi 🙂 Juste que j’ai déjà du mal à suivre avec la BD en général alors si je me rajoute un rayon…
(Et puis j’ai pas d’enfant pour me servir de prétexte :))
Et l’amour des belles choses et des beaux livres ? 😉
On évite les trop beaux livres pour l’instant parce que ma Godziris, qui mérite bien son surnom, a tendance à en faire des confettis. Pourtant elle adore les feuilleter (violemment) !