Film d’animation de Peter Ramsey, 1h37.
Sortie en salles en France le 28 novembre 2012, en Blu-ray le 2 septembre 2013, en DVD le 9 octobre 2013.
Bien que fan de cinéma d’animation, je dois reconnaître un certain retard de visionnage côté films américains des gros studios, ayant toujours peur de me retrouver face à une niaiserie potentiellement mignonne mais physiquement difficile à supporter une fois qu’on a perdu toutes ses dents de lait. Échaudée également par un certain nombre de projections lors du Festival d’Annecy de longs métrages trop formatés pour empêcher les yeux de se fermer au bout de dix minutes voire simplement mauvais.
Alors je prends le temps désormais petit à petit de combler ce retard en m’intéressant à des films sortis en DVD pour lesquels j’ai pu entendre/lire ici et là des avis plutôt positifs. Premier test, Les cinq légendes du studio Dreamworks Animation, Rise of the Guardians en VO, réalisé par Peter Ramsey.
La mission des gardiens : protéger les enfants, leurs rêves, leurs espoirs, leur imagination, partout dans le monde. Ils sont quatre : North le Père Noël, Bunny le lapin de Pâques, Sandy le marchand de sable, Tooth la Fée des dents (dont la filiale européenne n’est autre que notre petite souris, bien sûr). Mais voilà que revient Pitch le croquemitaine, oublié depuis des siècles et qui veut prendre sa revanche en instillant la peur dans l’esprit des marmots. Un nouveau gardien doit être désigné pour prêter main forte à ses aînés et ce sera Jack Frost, l’immature faiseur de neige.
L’idée est assez originale : réunir les héros a priori les plus inoffensifs et mignons de notre enfance pour combattre les ténèbres. Mais utiliser de tels personnages emblématiques apporte forcément une limite : d’une part, on ne peut pas s’y identifier, d’autre part, ils ne peuvent pas évoluer, leur caractère est connu de tous, ils ne peuvent pas apparaître différents de ce qu’on attend d’eux. À moins de se la jouer très caustique et dézingueur de mythes mais ce n’est pas le propos de ce film.
Niveau développement des caractères donc, côté personnages humains, impossible car ils apparaissent assez peu, côté personnages légendaires, ils ne peuvent pas changer.
À partir de là, de la même manière, peu d’émotions face à l’histoire, on ne tremble pas vraiment pour eux, pas de serrement de cœur, d’admiration face à un courage inattendu exalté. Même Jack Frost, qui au départ n’apparaît pas vraiment comme le top du héros, est tout de même a priori un brave gars, sympa et courageux qui manque juste d’un peu de soutien pour révéler qui il est. Mais il n’y a pas besoin de fouiller bien loin…
C’est d’ailleurs presque perturbant tant le film ne suit pas vraiment le schéma classique auquel on pouvait s’attendre côté personnages : les humains ordinaires sont très peu présents, les héros sont dès le départ bien connus, il n’y a pas vraiment de quête initiatique qui fera passer le personnage principal du petit microbe de base sans envergure au vaillant prince défenseur de la veuve et de l’orphelin. L’histoire de Jack Frost n’est qu’un élément parmi d’autres.
En contrepartie, le film joue sur un autre registre, celui de l’émerveillement, du rêve, de l’imaginaire, de la force du merveilleux, tout ce que les gardiens doivent protéger. Et là dessus, il réussit parfaitement son coup : techniquement, on en prend plein les yeux ! Les décors sont sublimes, le travail sur les textures est éblouissant, les designs sont soignés, originaux, adorables et marrants, la mise en scène a la pêche sans rendre épileptique, et l’animation rend parfaitement les mouvements avec beaucoup de naturel et de fluidité. Le sable (LE SABLE, BON SANG, LE SABLE !!), la glace, les liquides, les poils et cheveux… tout est absolument grandiose et émerveille à chaque seconde. Donnant alors au film sa touche de magie, de féerie et d’onirisme correspondant parfaitement à ce que les personnages sont censés apporter et propager.
L’alchimie prend alors totalement, au delà des personnages forcément assez monolithiques de par leur statut et de la trame de l’histoire finalement assez simple, cela ne cassant en rien la dynamique et l’efficacité du film. Et on passe un très bon moment assez enchanteur pour peu qu’on soit sensible à l’univers, à l’esthétisme proposé (pas si lisse que certains autres films d’animation), sans compter une musique signée Alexandre Desplat participant avantageusement à l’ensemble et un casting voix qui s’intègre totalement sans avoir besoin d’en faire des tonnes (Chris Pine, Hugh Jackman, Jude Law, Alec Baldwin, Isla Fisher…).
C’est beau, grandiose, joyeux, énergique, parfois drôle – les elfes, les yétis et la petite Sophie sont souvent poilants -, toujours blindé de bonne humeur sans niaiserie et ça remplit parfaitement sa mission de divertissement soigné, magnifique et attachant.