Film d’animation de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie, 1h24.
Sorti en salles en France le 17 juillet 2013, prochainement en DVD/BluRay.
Vu lors du Festival d’Annecy le 12 juin 2013.
Aya de Yopougon est à la base une BD en 6 tomes, scénarisée par Marguerite Abouet et dessinée par Clément Oubrerie, publiée chez Gallimard en collection Bayou. C’est désormais également un film d’animation, réalisé par les auteurs de la BD, reprenant l’intrigue des deux premiers tomes.
Direction Abidjan, en Côte d’Ivoire, et plus précisément le petit quartier de Yopougon, à la fin des années 70. Aya, 19 ans, est une studieuse jeune femme décidée à devenir médecin, là où son père ne voit pas d’intérêt à ce qu’une fille fasse des études, tandis que ses deux meilleures copines Bintou et Adjoua sont plutôt à courir les garçons et passer leur soirée au maquis pour décaler (danser) un peu. Et potentiellement se trouver un bon mari.
Lors d’une rencontre avec les auteurs, Marguerite Abouet semblait trouver assez drôle que le film soit diffusé lors du Festival du film romantique de Cabourg. Effectivement… Des rencontres, des amants, des maîtresses, des relations cachées, des bébés imprévus, il y en a plein dans le film, mais peut-on vraiment parler de romance ? Bintou notamment court les garçons et multiplie les aventures, souvent totalement foireuses.
Car si les filles de Yopougon cherchent un mari, les garçons eux sont plutôt à vouloir baratiner et draguer à longueur de temps sans vraiment s’embarrasser des responsabilités qui peuvent aller avec. Genre devenir père… Le film est alors rempli de rencontres, tromperies et autres petites magouilles en douce pour ne pas se faire choper. Mais les filles sont celles qui mènent plutôt la danse, bien souvent conscientes des tendances un peu légères de leurs hommes sur qui tout finit toujours par retomber à un moment ou à un autre, ces derniers se retrouvant d’un coup face à leurs mensonges et leurs responsabilités.
Ceux qui connaissent déjà la BD ne seront pas dépaysés, le film apportant un plus considérable : le mouvement. La BD en elle-même est déjà chantante, avec le parler très spécifique, les expressions, le film rend ça d’autant plus vivant, par le doublage, l’énergie qui s’en dégage, la démarche des filles, le bagout des mecs, la musique, les bruitages… On retrouve totalement le ton de la BD d’autant plus enrichi par le passage à l’animation.
Pour ceux qui ne connaissent rien du matériau originel, la plongée sera rafraîchissante à souhait, sans doute un peu déroutante au départ – les expressions et le langage demandent un petit temps d’adaptation, donnant d’office le ton – mais bourrée d’une bonne humeur contagieuse et d’un humour léger.
Si Bintou et Adjoua ne manquent pas une occasion de se mettre dans des situations un peu tendues, leurs parents ne sont pas forcément en reste. Les mères sont là pour arranger le coup et faire passer la pilule à des pères qui veulent se la jouer gros bras alors qu’ils s’empêtrent eux-mêmes dans leurs propres mensonges, qu’ils finissent par ne plus contrôler.
Le résultat est en tout cas très sympathique, et si le premier tome de la BD me semblait un peu décousu – on passait d’une petite histoire à une autre -, le film leur donne une bonne cohésion et un vrai rythme. On est ici bien loin de l’image habituelle de l’Afrique, pauvre, affamée et continuellement en guerre, pour simplement se retrouver face à des gens qui se débrouillent dans un quotidien pas toujours simple mais chaleureux, avec une galerie de personnages touchante, drôle, diversifiée et généreuse.
À noter que pour la sortie du film, les deux premiers tomes de la BD ont été réédités en un seul tome (moins cher) avec l’affiche du film comme couverture. Une invitation pour en apprendre plus sur les personnages…