Série écrite par Scott Snyder, illustrée par Sean Murphy puis Dustin N’Guyen, éditée en VF par Urban Comics, 171x264mm, 128 pages, 14,00€.
American Vampire est la première série créée par Scott Snyder, en 2010, ayant notamment reçu l’Eisner Award de la Meilleure nouvelle série en 2011. Comptant 5 tomes aux USA pour le moment, édités chez Vertigo, la série est d’abord parue en VF chez Panini Comics avant d’être reprise par Urban Comics.
Pour faire découvrir cet univers aux nouveaux lecteurs (comme moi), l’éditeur a commencé par proposer dès avril 2012 les spin-off de la série, American Vampire Legacy, là où ils sont intégrés aux graphic novel de l’édition américaine : le premier tome français, Sélection naturelle (Survival of the fittest) se trouve dans le tome 3 d’American Vampire US, le deuxième, Le réveil du monstre (Lord of Nightmares) dans le tome 5. Les lecteurs américains peuvent donc suivre les deux histoires en parallèle dans un même volume, tandis que l’éditeur français a préféré proposer deux éditions séparées. Après tout, pourquoi pas… C’est un bon moyen de découvrir le monde créé par Snyder dans des histoires indépendantes, avant de se lancer dans la lecture du scénario principal, dont les trois premiers tomes doivent sortir fin juin 2013 chez Urban Comics.
American Vampire Legacy nous fait faire la connaissance de Felicia Book, membre des Vassaux de Vénus, société secrète se battant contre les diverses espèces de vampires, les Homo Abominum. En effet, Snyder a créé sa propre théorie de l’évolution appliquée à ces créatures de légende, partant d’une très ancienne espèce ayant ensuite engendré au fil des siècles plusieurs branches évoluant différemment selon leur environnement : plus ou moins sensibles à la lumière et autres spécificités propres à ces monstres qui occupent l’imaginaire humain depuis toujours.
Dans Sélection naturelle, nous voici en 1941 face à des vampires alliés aux nazis. Felicia Book est une chasseuse hors paire, notamment grâce au sang de vampire qui coule dans ses veines, triste héritage paternel. Elle est envoyée avec Cash McCogan dans un château d’Europe de l’est où un savant serait retenu par les nazis. Un savant qui aurait trouvé un remède…
Dessiné par Sean Murphy (que j’ai pour ma part découvert avec Joe l’aventure intérieure), l’aventure se révèle particulièrement prenante, sachant mêlée explications nécessaires pour suivre sans besoin de connaître la série originale et action menée sans temps mort. Loin de n’être qu’une histoire bouche-trou pour rajouter des pages aux volumes américains, Sélection naturelle permet de découvrir la société des Vassaux de Vénus, vouée à la destruction du Mal sous sa forme aux canines proéminentes.
On ne fait évidemment pas ici dans la poésie et la délicatesse. Les vampires de Snyder ne sont pas des beaux gosses torturés qui dragouillent des ado paumées mais des individus dangereux, intelligents, manipulateurs, plus ou moins puissants, adeptes d’une bonne carotide juteuse.
Ce ne sont pas juste de bêtes monstres sanguinaires uniquement guidés par l’instinct mais capables de plans sur plusieurs siècles dans le but d’une domination totale. Le seul moyen de les arrêter est forcément un peu salissant… À moins qu’il ne réside dans l’éveil de créatures plus anciennes dont on ne sait finalement rien.
On en apprend un peu plus côté arbre généalogique de la famille Homo Abominum dans Le réveil d’un monstre qui voit le retour d’un des vampires les plus connus, mais également du plus dangereux, capable de faire ressortir le Mal dans tous ceux qui croisent son chemin.
Nous sommes en 1954 et Felicia Book pensait pouvoir revenir et rester dans la lumière d’une humanité classique. Mais elle est bien obligée de reconnaître que son monde est celui des ténèbres et qu’elle doit l’accepter, y compris dans l’intérêt de celui qu’elle protège comme une mère depuis des années.
Face à un danger tel que les puissances de l’époque ne savent en mesurer la portée, les Vassaux de Vénus sont pris à leur propre piège et doivent revoir leurs priorités et la carte de leurs ennemis pour réussir à permettre à l’Humanité de survivre encore un peu…
L’histoire devient alors plus complexe, plus subtile, plus profonde. Je suis moins fan des dessins de Dustin N’Guyen que de Sean Murphy au premier abord, les trouvant plus lisses, moins “rugueux” mais ils parviennent néanmoins à prendre toute leur place au fil de l’histoire.
De plus, il est toujours intrigant de voir comme Scott Snyder utilise les données historiques de chaque époque pour épaissir son histoire, lui donner une vraisemblance, une assise, en l’imprégnant de son époque (les nazis, la guerre froide…).
Voilà clairement en tout cas une belle entrée en matière dans l’univers d’American Vampire. N’ayant là qu’effleuré l’histoire de Skinner Sweet, j’ai désormais hâte de pouvoir la suivre plus précisément dans les volumes à sortir, pour découvrir cette fameuse branche américaine des suceurs de sang. L’histoire n’en sera alors que plus riche du fait d’avoir déjà fait connaissance avec certains personnages qui y apparaîtront.
Cela devrait en tout cas ravir les amateurs de vampires, d’action, de sociétés secrètes, de scénarii prenant le temps de se développer sur plusieurs années, permettant une utilisation plus complexe et travaillée des différents personnages mis en scène.
On m’a passé les 2 premiers American Vampires et je n’ai pas du tout accroché. A vrai dire, les histoires de vampire (à part Buffy) m’ennuient profondément et Scott Snyder (et Stephen King) ne m’ont pas fait changer d’avis là-dessus malgré les multiples louanges sur cette série.
Bon ça n’a peut-être rien à voir avec AV Legacy, mais je trouve que Scott Snyder est un peu trop surestimé et sur-vendu, même si le monsieur a de grandes qualités et que Batman Black Mirror ainsi que le début de son run sur les Hiboux étaient très chouettes.
J’avoue que le thème vampire me plaît bien du moment qu’on évite les trucs de bôgosses ténébreux. Vampires + action, c’est basique mais ça marche bien sur moi… Je reconnais également que le dessin de Sean Murphy sur le premier tome a bien aidé aussi. Reste à voir ce que donne la série d’origine.
Quant à Scott Snyder, je ne sais pas s’il est surestimé (pas assez lu pour ça) mais ma prochaine chronique sur Severed est moins positive que celle-ci…