Série en cours par Fujita, éditée en VF par Kana.
Sens de lecture japonais, 127x180mm, 7,45€.
Premier tome paru en avril 2018.
Deuxième tome paru en juin 2018.
Parce que c’est Japan Expo cette semaine, rien de tel qu’une petite chronique qui tombe bien, consacrée à Otaku Otaku de Fujita, chez Kana.
Narumi Momose est la classique Office Lady de 26 ans. Pourtant, c’est une otaku pure et dure, une fujoshi pas du tout assumée qui fait tout son possible pour cacher cet aspect de sa personnalité qui lui a déjà coûté bon nombre de relations amoureuses. Au travail, elle retrouve Hirotaka Nifuji, son ami d’enfance, tout aussi otaku qu’elle, mais totalement décomplexé. Et s’ils formaient le couple parfait ?
Histoire de partir sur de bonnes bases, petit lexique :
Otaku : terme désignant une personne qui consacre une grande partie de son temps à une activité d’intérieur, comme les bandes dessinées, les mangas, les dessins animés ou les films, la cuisine, le dessin, ou encore les jeux vidéo, liée plus ou moins à la culture du Japon.
Fujoshi : terme péjoratif désignant les filles qui sont fans de boy’s love et, plus globalement, de mangas, d’animes et de jeux vidéo (définition donné dans le manga).
Si vous avez lu Otaku Girls chez Doki-Doki, vous connaissez déjà les fujoshi…
Comme on l’a déjà vu dans nombre de shôjo, il est question ici d’une fille qui cache à son entourage une part d’elle-même dont elle a honte, tout en la vivant à fond en solitaire (je pense à KareKano, Switch Girl, etc.).
Mais ici, l’héroïne est adulte et le manga n’est pas focalisé sur sa capacité à cacher sa vraie nature mais plutôt l’exploration de son quotidien avec son ancien meilleur ami et nouveau mec.
En fait, il y a deux couples : d’un côté, Narumi et Hirotaka, de l’autre Koyanagi et Kabakura, leurs aînés de quelques années, également collègues et otaku. Un jeune couple à peine naissant et un autre installé depuis déjà quelque temps, chacun ayant son propre caractère : souriant et stoïque chez Narumi/Hirotaka, explosif et orageux chez Koyanagi/Kabakura.
Ce joyeux quatuor nous entraîne donc dans son quotidien d’otaku, avec son lot de références en mangas, animes et jeux vidéos, avec énormément d’humour et de bienveillance. Car au delà des chamailleries des uns et des autres, l’autrice exprime beaucoup de tendresse pour ses personnages, qu’elle ne juge jamais, sans pour autant les épargner dans leurs petits travers obsessionnels avec un humour souvent mordant. Ainsi que le public otaku dont elle se moque gentiment des attentes fantasmées…
Chaque chapitre est alors l’occasion d’explorer un de leurs traits personnels, le goût du cosplay masculin exacerbé pour Koyanagi par exemple, avec beaucoup de dérision, de chaleur et de bonne humeur, tout en dévoilant petit à petit autant les étapes de naissance du jeune couple que l’intimité bourrée de tendresse de l’autre. C’est extrêmement mignon sans jamais tomber dans le mièvre, grâce aux petites piques amicales qu’ils se lancent constamment les uns les autres, Koyanagi et Kabakura passant notamment leur temps à se disputer quand ils sont en public.
Et n’oubliez pas de regarder le numéro de page, souvent accompagné d’une petite phrase de pensée de l’autrice qui résume ce qui vient d’être raconté, rajoutant une dose de second degré.
On pourrait trouver que les volumes sont très fins, 130 pages environ, mais à bien y regarder, avec ce type de mangas très humour référencé (mais pas non plus hyper pointu), mieux vaut ne pas proposer des tomes trop longs et trop chargés qui risqueraient d’épuiser le thème trop rapidement.
Otaku Otaku s’avère donc être une excellente surprise, tonique, chaleureuse et drôle, avec deux couples absolument adorables, des personnages pas si basiques dont le caractère s’affine au fil des chapitres.
Le sixième volume sort le 31 juillet 2018 au Japon chez Ichijinsha, au rythme de deux tomes par an.
Le tome 3 est annoncé en France chez Kana pour le 19 octobre 2018.
Je l’ai acheté sans savoir qu’il s’était déjà acquis une petite réputation au Japon (simplement parce que Kana, comme Akata, a l’habitude de sortir des shojos intéressants et sortant du lot) et ai beaucoup apprécié ces deux premiers volumes. La seule petite réserve que je ferais est l’absence de séparation claire entre les petites histoires s’étalant sur plusieurs pages et les simples pages de gag, ce qui fait que, dans le premier volume, j’ai parfois été un peu perdu sans comprendre pourquoi on passait du coq à l’âne.
Ca reste un détail ceci dit et le manga est très agréable à lire grâce à son humour. On a aussi des types d’otakus assez variés et dont les goûts ne se rejoignent pas tout le temps, ce qui occasionne régulièrement des échanges de vannes, notamment dans le deuxième volume : Koyanagi et Kabakura sont très forts dans le genre mais, plus occasionnellement, Narumi et Hirotaka ne sont pas non plus en reste (le fou rire quand le second dit à Narumi qu’il ne s’engueule pas avec elle non pas parce qu’il est tolérant mais parce qu’elle est un cas désespéré).