Série en cours par Cameron Stewart, Brenden Fletcher et Babs Tarr, éditée en VF par Urban Comics, 175x265mm, 15,00€ le volume.
Volume 1 paru le 11/09/2015.
Comme déjà dit dans une précédente chronique, si je suis lectrice de comics, je m’intéresse assez peu à la partie super-héros… sauf quand il s’agit de super-héroïnes. Ce qui a l’avantage de ne pas trop exploser mon budget vu que le genre est jusqu’à présent plutôt très masculin.
Mais si je me suis intéressée à Batgirl, c’est aussi quand j’ai vu qu’elle arborait un nouveau costume (je suis bassement matérialiste), plus sympa que le côté latex moulant, signalant ainsi un nouveau départ pour un personnage dont je ne sais rien à part qu’elle s’appelle Barbara Gordon et que c’est la fille du commissaire du même nom. Pouvoir ainsi faire connaissance avec ce personnage mythique sans avoir besoin de lire les innombrables épisodes précédents, voilà qui m’a convaincue (merci DC Renaissance).
Fort heureusement tout de même, on a droit à un petit texte d’introduction qui présente rapidement la vie de Babs aka Batgirl avant cette renaissance, permettant ainsi d’avoir un personnage avec un passif riche, déjà construit, déjà marqué. Encore faut-il parvenir à partir de là à garder les anciens lecteurs tout en accrochant les nouveaux venus : pari réussi ?
Barbara Gordon, toujours à Gotham City, s’installe à Burnside, nouveau quartier branché où elle va pouvoir redémarrer sa vie et retourner à la fac avancer sur un projet ambitieux. Mais Batgirl va d’abord devoir sortir la machine à coudre si elle veut reprendre du service, suite à un incendie qui a quelque peu limité sa garde-robe (cette phrase peut paraître incroyablement sexiste alors que pas du tout !). Ainsi la jeune femme, étudiante le jour, justicière la nuit, va devoir faire face à de nouveaux ennemis à la pointe de la technologie…
Place donc à une nouvelle Batgirl, jeune, lumineuse, adepte des réseaux sociaux. On est bien loin ici d’une Batwoman très torturée (pour reprendre une de ces collègues du Batverse), l’histoire ici est des plus fraîches et chaleureuses, sorte de retour à la vie pour une jeune femme qui garde en mémoire un très lourd passé dont elle dévoile quelques touches au fil des chapitres. Cela permet aux anciens lecteurs de garder contact avec l’héroïne et aux nouveaux de pouvoir commencer à remplir les vides qu’on a forcément quand on débarque au milieu d’une histoire débutée en 1967.
Ce premier volume réussit le challenge de donner une nouvelle jeunesse à un personnage emblématique, l’adapter à l’air du temps, avec utilisation des réseaux sociaux et autres selfies, lui garder ses anciennes complicités tout en en créant de nouvelles, bref parvenir à associer le passé et le nouveau.
Le dessin de Babs Tarr est souple, agréable, aussi lumineux que son héroïne, avec énormément d’énergie, des cadrages dynamiques et une coloration qui ne donne pas la migraine. Je vous ai déjà dit que j’aimais son nouveau costume ? Enfin un uniforme de super-héros qui ne donne pas l’impression d’être fait dans un matériau sorti de la Nasa mais de fringues classiques et adaptés pour les aventures rythmées de Batgirl. Sans compter qu’on est bien loin ici d’un costume ultra-sexy juste là pour dévoiler les formes d’une jolie héroïne. Pas non plus trop de cascades invraisemblables et de gadgets en pagaille car on s’intéresse plutôt au mental de l’héroïne qui doit réapprovoiser sa vie et sa double identité dans un nouvel univers où chacun peut être en mesure de tout bouleverser avec juste quelques grammes de technologie. Pas facile de garder son masque quand le moindre piéton peut dégainer son portable à tous les coins de rue.
On n’est donc pas là face à une héroïne ultra-torturée et sombre, borderline comme Batwoman, et le style graphique ainsi que la narration sont nettement plus maîtrisés que dans Wonder-woman par exemple, beaucoup plus inégal. Ici Batgirl doit faire face au dilemme permanent des super-héros, à la frontière entre criminels bafouant une loi trop facile à contourner quand on sait s’y prendre et justiciers idoles des foules, à leurs risques et péril. Car on peut vite tomber de son piédestal d’adoration quand on n’est que simplement humain, avec ses qualités, ses défauts, ses failles et ses coups de mou. Difficile d’accepter ce désamour si soudain quand on reste une idéaliste comme Babs, assumant difficilement le mauvais rôle comme peut l’accepter Batman par exemple.
Bien évidemment, on ne manipule pas près de 50 ans d’histoire d’un personnage sans aucune difficulté et il m’est arrivé régulièrement en cours de lecture de revenir en arrière pour saisir une allusion loupée, un nom donné, bloquant parfois sur certaines mises en scène que je ne comprenais pas du fait de ne rien connaître des capacités de Barbara (hypermnésie, j’imagine, le personnage dans la série Unforgettable ne s’en serait-il pas fortement inspiré ?). De même que ne connaissant pas les anciennes complices de Batgirl, je ne savais par exemple pas qui était son amie Dinah…
Mais cela ne dérange finalement pas la lecture, le volume se tenant parfaitement, chaque histoire apportant un nouvel élément dans l’ensemble.
De plus, je trouve que la diversité des personnages fait plaisir à voir, couleurs de peau ou religions (c’est tellement rare de voir une femme voilée tranquillement installée en personnage secondaire comme un autre). Décidément, voilà qui s’appelle savoir évoluer.
J’attends désormais impatiemment de découvrir le deuxième tome de cette nouvelle version de Batgirl, sachant qu’il ne sortira aux USA qu’en février 2016…
Ils ont encore relancé Batgirl ? DC Comics l’avait pourtant déjà fait une première fois, au tout début de la Renaissance DC. J’avais lu le premier tome, mais il ne m’avait guère inspiré ; cette version semble plus lumineuse, presque plus décalée.
Lors de la Renaissance DC, Batgirl représentait assez bien les limites de ce concept : l’éditeur avait annoncé redémarrer toutes les séries depuis le premier numéro, mais concrètement, cela ne concernait pas la continuité elle-même, juste la numérotation… Ainsi, le #1 commençait alors que Barbara reprenait son identité de Batgirl, après plusieurs années passées en tant qu’Oracle, clouée dans une chaise roulante suite à son accident.
Si tu aimes les héroïnes et les titres sortant du super-héroïsme primaire, tu as de quoi faire (même si je doute que tout sortira en France). Comme ce sont des personnages qui, bien souvent, ne peuvent pas vraiment compter sur leur seul nom pour attirer le lecteur, leurs séries ont tendance à proposer des histoires et des styles plus originaux dans ce que nous voyons d’habitude chez les super-héros, du moins ceux des deux éditeurs principaux ; c’est vrai aussi chez Marvel Comics, avec Ms Marvel, mais c’est particulièrement saisissant chez DC Comics, chez qui je ne suis plus vraiment que des titres avec une héroïne. Parmi ceux sortis en France, je te recommande de tester le Wonder Woman de Brian Azzarello et Cliff Chiang, si ce n’est déjà fait. Pour ma part, j’ai eu un petit coup de cœur pour Gotham Academy, mais j’ignore si une publication est envisagée chez Urban Comics.
On voit vraiment qu’un public remplace l’autre
Ce titre est révélateur..
Je suis fan de Barbara Gordon depuis Hola très très longtemps et je ne viens pas vraiment faire mon vieux con mais la Femme intelligente, refléchie, qui sur sa chaise roulante n’essayait pas de donner des leçons de diversité tous les 5 cases me manque.
Moi c’est cette dernière itération que j’ai trouvée sexiste, avec cette ado hystérique caricaturale qui fait des snapshots. La lecture m’en a été insupportable.
Je ne doute effectivement pas que ce soit des publics différents qui soient visés par les diverses versions du personnage. Et il y a aussi le fait que ce soit plus accessible pour un nouveau public de commencer avec cette nouvelle version qui débute qu’avec les innombrables précédentes parutions déjà bien installées depuis des décennies…
Si j’osais, je te conseillerais Batgirl Année 1 qui le double avantage d’être accessible puique ça raconte les origines du personnage. C’est l’itération “classique” on va dire, c’est en un seul tome. Tu pourrais comparer les deux approches si le coeur t’en dit.
Eh ben, pourquoi pas, oui ! Je crois que je m’étais demandé si je le testais celui-là, mais ne sachant pas trop… Bref, il s’ajoute à ma liste, merci.