Volume unique par Terry Moore, éditée en VF par Delcourt, sorti en août 2018, 176x260mm, 250 pages, 19,99€ le volume.
Quand un nouveau Terry Moore sort, je peux difficilement m’empêcher de l’acheter. Si je dois encore me plonger dans les intégrales du monument Strangers in Paradise, c’est plus simple de débuter la lecture de sa dernière œuvre à peine achevée aux Etats-Unis (avant la reprise de SiP), Motor Girl.
Samantha Locklear, ex-Marine ayant survécu à trois missions en Irak, gère désormais une casse-auto pour son amie Libby au cœur du désert du Nevada en compagnie de Mike, un gorille sarcastique. Quand une soucoupe volante tombe en rade juste devant leur porte…
Contrairement à SiP, Echo ou Rachel Rising, Motor Girl est une œuvre courte dans la bibliographie de Terry Moore. Un simple volume de 250 pages, 10 chapitres qui ont occupé l’auteur durant 2017 avant qu’il reprenne SiP avec SiP XXV en janvier 2018.
Une œuvre mineure ? Peut-être mais une belle lecture néanmoins où on retrouve les ingrédients typiques de Terry Moore. Une héroïne au fort caractère, comme toujours : que ce soit Katchoo (SiP), Julie (Echo), Rachel (Rachel Rising) ou ici Sam, elles ont toutes en commun un passé difficile, des blessures pas vraiment refermées, une volonté farouche d’avancer comme elles l’entendent, toujours prêtes à se relever même enterrées six pieds sous terre (littéralement parlant parfois…). Et une grosse difficulté à accepter de l’aide…
Ainsi, Sam a connu le pire en Irak et tente de continuer à vivre malgré à un stress post-traumatique en béton armé. Rentrée de la guerre, elle n’est toujours pas réellement revenue et essaie de laisser ses démons de côté en espérant qu’ils finissent par l’oublier.
Mais les fantômes du passé sont tenaces… surtout quand on refuse de les affronter en face de peur d’y perdre tout ce qui nous faisait encore tenir debout.
En mettant en scène une vétéran d’Irak, Terry Moore ne se laisse pour autant pas tomber dans le patriotisme facile : d’autres ex-militaires apparaissent dans l’histoire et l’auteur pousse à fond dans la caricature du crétin surarmé qui veut tout flinguer sans réfléchir, se noyant sous les douilles sans savoir sur quoi il tire.
Pas de glorification aveugle donc. Juste un bout de chemin avec une femme qui en a incroyablement bavé et doit désormais apprendre à vivre avec sa culpabilité, sa détresse, ses démons.
Car Motor Girl n’est pas un récit de SF mais bien une histoire sur des relations humaines, que Terry Moore sait toujours mettre en scène avec énormément de chaleur, de tendresse et d’amour. Les quelques phases de flash-back sur le passé de Sam sont poignantes, rendant d’autant plus explicites le regard perdu et profondément triste de la jeune femme, quand celle-ci laisse tomber ses défenses et admet qu’elle souffre. Et l’auteur sait toujours taper juste pour mettre en lumière les maux qui minent ses personnages.
L’humour est évidemment toujours au rendez-vous, que ce soit par les dialogues sarcastiques, les situations absurdes – le coup du terrain de tennis qui fond à 46°… – Libby la vieille dame qu’il ne vaut mieux pas chatouiller trop fort ou le duo de pieds nickelés Larry et Victor, faux méchants totalement incompétents et donc hilarants.
A sa manière Terry Moore rend hommage à ces anciens soldats revenus hantés de leurs missions, sans chercher à juger leur engagement, avec son ton aussi drôle que touchant, chaleureux et tendre, ses personnages forts et attachants.
Suite à ta chronique, j’ai acheté “Motor Girl” et je n’ai pas été déçu. Merci de m’avoir rappelé cette sortie. Alors, certes, ce n’est peut-être pas son meilleur titre (la fin était prévisible) mais quel plaisir de retrouver le trait de Terry Moore. Par contre, j’aurai préféré qu’il reprenne la suite de “Rachel Rising” plutôt que “SiP” qui avait sombré dans la nullité. Mais bon, j’ai espoir et j’attends ta chronique sur “SiP XXV”, enfin quand il sortira car j’imagine que, comme moi, tu attendras la sortie française (quoique je lisais “SiP” en VO à l’époque) 🙂
Je serais pas contre une suite à Rachel Rising non plus, clairement, il y a encore plein de trucs à explorer. Mais bon…
SiP, je savais que j’avais galéré pour la lecture au fil des volumes à l’époque de la parution classique. Mais maintenant, avec les 3 intégrales d’un coup, on verra ce que ça donne.