Volume unique par Gregory Panaccione, édité par Delcourt en mai 2014, 127x180mm, 288 pages, 11,50€.
C’est fin 2014 que j’avais découvert le travail de Grégory Panaccione avec Toby mon ami puis Un océan d’amour avec Lupano au scénario. Et c’est totalement par hasard qu’en me baladant en librairie, je tombe sur Match, datant de mai 2014. Voyant qu’on y retrouvait les personnages de Toby mon ami, il n’en fallait pas plus pour que je me laisse tenter…
Match, c’est un pur exercice de style : décrire un match de tennis point par point, sans aucun dialogue. D’un côté, l’anglais Rod Jones, bête de circuit mondial taillée pour la victoire, de l’autre le français Marcel Coste, le peintre maître de Toby… Pas exactement le même profil. Les choses sont claires, ce n’est pas à un match de tennis ordinaire qu’on va assister ici !
Eh oui, difficile de rivaliser avec un as de l’ATP quand on n’est pas exactement au top de sa forme physique, avec un penchant pour un petit Ricard et la pause clope non-réglementaire, qu’on oublie ses raquettes de rechange et qu’on n’a pas trop réfléchi à quel type de chaussures allaient le mieux sur de la terre battue. Inutile de dire que le brave Marcel ne part pas exactement favori dans cette galère !
Le match débute et le maître de Toby se voit déjà repartir avec le célèbre saladier de la victoire. Encore faudrait-il parvenir à réussir un service…
Exercice de style, donc, avec cette histoire muette où Panaccione utilise tout son talent de narrateur et de dessinateur pour donner vie à une succession de galères toutes plus absurdes les unes que les autres où chaque mini-victoire est vécue comme un but en finale de Coupe du monde de foot. Il faut dire que ces mini-victoires sont assez rares pour être ostensiblement fêtées.
Tout y passe, de la chaussure qui lâche à la raquette explosée par terre, sans compter les nombreuses envies de meurtres cogitées par Marcel envers son ombrageux adversaire. Ce dernier n’est pourtant pas au bout de ses surprises dans ce match absurde où tout peut arriver, y compris Toby qui se détache et vient se balader tranquillement sur le terrain en prenant bien soin de lever la patte sur un piquet du filet.
Bref, que dire de plus sur cette BD ? Qu’elle est drôle, excessive, burlesque, surprenante, avec des dessins explosifs qui savent rendre au delà des gags une vraie intensité de jeu. Exercice de style donc audacieux et original totalement réussi par Panaccione, décidément talentueux pour narrer des histoires avec subtilité et dérision sans jamais avoir besoin de texte.