Série en 3 tomes par Lina Foujita, éditée en VF par Glénat.
Sens de lecture japonais, 145x210mm, 10,75€.
Premier volume paru en octobre 2017.
Il y a sans doute beaucoup de lecteurs/trices de mangas qui rêvent de s’envoler pour le Japon. Glénat nous propose l’inverse avec Un pigeon à Paris : une mangaka qui découvre la France, du moins sa capitale (ce qui, soyons honnêtes, est assez différent).
Lina Foujita, la trentaine, sans emploi fixe, célibataire, décide sur un coup de tête de partir à l’étranger. Et pourquoi pas en France ? Mais tandis qu’elle obtient son visa pour un an à Paris, elle décroche également un contrat avec un éditeur. Commencer un nouveau métier et découvrir un nouveau pays dont on maîtrise à peine la langue : aucun problème !
J’aime toujours beaucoup les œuvres qui permettent de découvrir un pays au travers d’un regard étranger. Et c’est encore plus parlant quand le pays en question, c’est le nôtre.
Ici, on va très vite dépasser le côté “Paris ville magique” pour se prendre le parpaing de la réalité en pleine tête.
Avant même son départ, la mangaka découvre le bonheur de notre administration avec l’obtention du visa. Paperasse à amasser, réponse aléatoire, accueil limité… Voilà qui donne tout de suite un aperçu de l’aventure qui l’attend. “Bienvenue chez nous mais pas trop quand même, faudrait pas que tu t’installes non plus !”
Une fois sur place, rien n’est gagné puisqu’il faut encore trouver un logement (dans Paris, avec un niveau de français limité, en étant étrangère…) et réussir à se faire à un quotidien très différent.
Avec énormément d’humour et d’auto-dérision, la mangaka nous entraîne dans ses périples – se faire comprendre par la boulangère, trouver des toilettes potables, supporter la mentalité du “Ce n’est pas mon travail / C’est pas ma faute”, slalomer entre les crottes de chien, etc. – égratignant au passage l’idée sans doute fantasmée que certain.e.s de ses lecteurs/trices japonais.es pourraient avoir sur la France.
Et beaucoup de ces points font d’ailleurs écho avec le ressenti du lectorat français : qui ne s’est pas déjà énervé.e en attendant un colis qui n’arrive pas ou face à un serveur aimable comme une porte de prison ? Elle épingle très précisément nos petits travers, sans pour autant en rajouter, sans mauvais esprit.
Sans compter les différences culturelles – la découverte, pas forcément heureuse, de plats inconnus, l’errance dans une convention Epitanime – ou les problèmes des pickpockets ou des harceleurs de rue… D’autant plus que la mangaka a le sens de l’orientation de Ryoga de Ranma 1/2 : rien de tel pour se perdre dans une grande ville inconnue… Heureusement, elle arrive souvent à trouver des âmes charitables prêtes à l’aider (la veinarde !).
Ce premier volume est une belle découverte, souvent hilarante, notamment dans sa relation avec sa colocataire. Chaque chapitre regorge d’anecdotes, de surprises et de petits trucs pour ses homologues japonais qui seraient (tout de même) tentés par l’aventure parisienne. Ils ne pourront pas dire qu’ils n’ont pas été prévenus !
Le volume 2 de cette trilogie est prévu pour mars 2018.