Série en 2 tomes par Takamichi, éditée en VF par Doki-Doki, en VO par Shônen Gahôsha.
Sens de lecture japonais, 128x180mm, 8,50€.
Doki-Doki a l’excellente idée en juillet 2016 de sortir en même temps les deux tomes de sa série Dédale, par Takamichi. Un moyen parfait pour bien débuter l’été !
Reika et Yôko, étudiantes, sont colocataires et collègues dans le même petit boulot : elles travaillent pour une grosse compagnie de jeux vidéos comme débuggeuses. Mais cela n’explique pas pourquoi elles se retrouvent d’un coup dans un monde bizarre, errant dans des salles sans logique, seules face à des monstres étranges…
Riche idée en effet que de sortir les deux tomes en même temps car la fin du premier n’aurait pas supporté un délai d’attente pour poursuivre les aventures de Reika et Yôko. Comme l’annonce la communication autour de ce titre, on est en effet ici face à un survival très différent des autres : pas de gore, de zombies immondes, de giclées de sang, de pièges tranchants ou de paniques à toutes les pages. Les deux amies sont face à un dédale où seules leur intelligence et leur débrouillardise pourront les aider.
On a là deux personnages déjà assez atypiques. D’un côté, Yôko, qui se définit elle-même comme grosse et moche. Ce qui ne la dérange en fait pas plus que ça, elle est parfaitement à l’aise avec elle-même et apprécie son quotidien de gameuse et d’étudiante.
De l’autre, Reika. On pourrait croire se retrouver là face à une mignonne petite ingénue mais elle est bien différente de ça. Elle est même différente, tout court, ce qui l’a toujours forcée à une grande solitude. Elle ne réfléchit pas comme tout le monde et passe ainsi pour une originale un rien détraquée incapable d’accepter les limites imposées. Vous lui donnez le choix entre deux possibilités, elle en trouvera une troisième qu’elle assumera de bout en bout. Les jeux vidéos lui ont donc ouvert tout un champ de possibilités inimaginables dans le monde réel. Peut-être un endroit où trouver sa place, là encore en dehors des limites créées par les concepteurs de jeux.
Elle pourrait alors paraître calculatrice et manipulatrice mais ce serait une erreur car elle ne correspond en fait pas du tout aux standards. Le quotidien la bride, l’étouffe, l’isole, veut la faire rentrer dans une minuscule case là où elle n’a que soif de découvertes et enthousiasme ravageur face à l’immensité du monde. Elle n’a rien de négatif, elle souhaite juste tout tester selon des points de vue et des manières de penser totalement inédites… Inutile de dire que ce dédale auquel elle et Yôko sont confrontées est une aubaine pour elle.
L’univers mis en scène par Takamichi est passionnant et fascinant, poussant à s’interroger sur les limites, la réalité, la curiosité, ce qu’on est prêt à accepter, ce qu’on est prêt à payer. Sur ce qu’est la vie de manière générale, sur les choix que l’on accepte de voir, sur les routes que l’on s’empêche d’imaginer. Bourré d’imagination et d’idées géniales, son monde d’apparence simple et banal est un bonheur à parcourir, à comprendre, et on suit avec de plus en plus de passion les découvertes des deux jeunes femmes, liées par une solide amitié qui s’est construite là encore en dehors des sentiers battus.
Que l’on soit gamer ou pas spécialement, il serait vraiment dommage de passer à côté de cette petite pépite que Doki-Doki a dénichée. Les deux tomes se tiennent parfaitement de bout en bout, et le mangaka avait imaginé la fin avant de développer le reste de la série, permettant ainsi d’avoir un récit complet, sans aucune mauvaise surprise ou frustration face à une intrigue écourtée.
Alors que beaucoup continuent de croire aveuglément que le jeu vidéo reste l’apanage des hommes, cette série mettant en scène deux héroïnes au caractère bien trempé, terriblement attachantes, touchantes et drôles, est un vrai bonheur. On ne perd pas de temps dans des péripéties inutiles, tout sert à quelque chose et la logique de ce monde où se retrouvent Reika et Yôko est originale et complexe, savamment travaillée.
Bref, Dédale s’avère être une excellente surprise, pleine d’enthousiasme, d’originalité, d’imagination et de fraîcheur. Une réussite !
Hop, dans le panier !
Cette chronique m’a bien donné envie, un manga en deux parties efficace et bien ficelé, un survival qui ne vire pas dans le grand-guignolesque mal géré, des énigmes…
Vendu !
Heureusement que tu es là pour nous faire découvrir des pépites comme celle là sans quoi je raterai pas mal de titres intéressant.
Encore un titre à ajouter à ma wishlist, mais ce n’est pas trop grave puisqu’il tient en 2 tomes. 🙂