Série en cours (3 tomes) par Hiromu Arakawa et Yoshiki Tanaka, éditée en VF par Kurokawa, en VO par Kodansha.
Sens de lecture japonais, 128x182mm, 7,65€.
Premier tome sorti en mai 2015, 192 pages.
Kurokawa n’en a toujours pas fini avec Hiromu Arakawa. Après FullMetal Alchemist et Hero Tales, tandis que Nobles paysans et Silver Spoon sont toujours en cours, l’éditeur nous propose de découvrir la dernière série en cours de leur auteure fétiche, The Heroic Legend of Arslân, adaptée du roman de Yoshiki Tanaka.
An 317 du calendrier parse. Le jeune prince Arslân voit son père l’impitoyable roi Andragoras revenir victorieux de sa dernière confrontation avec les lusitaniens. Lui-même, du haut de ses 11 ans, s’entraîne durement pour devenir le digne héritier de sa famille, même si ses efforts ne semblent guère payer. Trois ans plus tard, il participe à son premier combat en première ligne. Un affrontement qui va bouleverser les rapports de force de la région…
Avec Arslân, Arakawa revient donc au style de la saga d’aventure épique qui l’a fait connaître. Si ce premier tome peut déconcerter par notamment la multiplicité des personnages, ainsi que leur nom pas évident à mémoriser, il reste familier sur le type des personnages : le héros, gentil et aimable, prêt à tout pour plaire à ses parents qui ne semblent pas du tout s’intéresser à lui, entre un père ombrageux, autoritaire et orgueilleux, et une mère distante et méprisante. Ainsi que son entourage immédiat, le valeureux et loyal maître d’arme, le jeune guerrier invincible et fidèle, les généraux plus ou moins intéressés…
Bref, la guerre et la violence entoure le jeune prince qui ne semble pas du tout fait pour ce climat de paix toute relative ne tenant que par la peur de la toute-puissante armée de Parse.
Deux camps s’opposent constamment et Arakawa joue suffisamment la nuance pour qu’aucun des deux n’ait vraiment le beau rôle : d’un côté, l’empire de Parse, puissant, sûr de son invincibilité née de siècles de combat victorieux et d’une Histoire glorieuse. Tout le monde y mange à sa faim, l’économie y est prospère. Mais l’inégalité prime, avec les plus riches qui utilisent les plus pauvres pour vivre dans l’aisance, usant et abusant d’esclaves qui certes peuvent vivre mais sont privés de leur liberté. Un système injuste et dur qui ne semble pas perturber le jeune prince, n’y voyant là qu’une évidence.
De l’autre, les lusitaniens, vus par Parse, quelque peu xénophobe et victime d’un complexe de supériorité qui l’aveugle, comme des barbares non civilisés incapables de la moindre stratégie. Un peuple a priori peu porté sur la notion d’esclavage, avide de liberté, mais totalement dominé par l’idolâtrie de son dieu Yahldabôth, qui en fait une armée de fanatiques animée d’une rage sanglante contre les hérétiques des pays voisins, comme Parse, non croyants donc coupables. Même si tous les lusitaniens sont loin de trouver acceptable ce que leurs compatriotes font subir aux ennemis sous prétexte de manque de foi.
Ainsi, Arakawa parvient d’office à rendre les divers camps en présence complexes, évitant le manichéisme des gentils d’un côté, méchants de l’autre, chacun ayant ses préjugés et un état d’esprit plus ou moins biaisé selon la culture dans laquelle il a été élevé : la foi aveugle en un dieu belliqueux ou la loyauté toute aussi aveugle en un despote qui refuse toute remise en question de son autorité, fut-elle mal avisée.
Comme tout premier tome, on est ici dans l’introduction mais avec un bel équilibre entre présentation des personnages, des enjeux, et combats sanglants, rythmés, avec en filigrane l’évidence d’une catastrophe à venir, de bouleversements qui changeront radicalement la donne et obligeront le jeune prince à faire une croix sur l’avenir a priori évident qui était prévu pour lui.
On retrouve le trait caractéristique d’Arakawa, simple et efficace, dont les rondeurs n’empêchent pas pour autant l’horreur de la guerre et de la violence de prendre forme.
Reste désormais à attendre le tome 2, prévu pour le 2 juillet, pour voir comment les alliés d’hier vont se comporter face à un prince en déroute…