Volume unique par Shizuka Nakano, édité en VF par IMHO, en VO par SeirinKogeisha.
Sens de lecture japonais, 147x210mm, 16,00€.
IMHO avait fait connaître le travail de Shizuka Nakano en 2006 avec Le Piqueur d’étoiles. En 2012, l’éditeur récidive avec Le Semeur d’étoiles, nouveau recueil de nouvelles qui me permet cette fois-ci de découvrir le style très particulier de l’auteure (et m’a fait acheter son premier titre).
Premier choc, son trait, avec des personnages a priori très simples, très naïfs, pas dans le sens “gros niais” mais aux traits spontanés, naturels, sans artifice, agrémentés de trames elles aussi très simples mais parvenant à créer des motifs étonnamment élaborés, des décors détaillés, un univers unique, une forêt d’idées où il est facile et agréable de se plonger sans réserve. Une patte graphique attirante, surprenante et accrocheuse, totalement maîtrisée.
Comme la mangaka le dit dans sa postface, elle parle dans ses nouvelles “d’un monde invisible difficile à saisir, même si on le scrute par deux fois avec une grande acuité”. C’est ainsi que sont ses histoires : au départ, des faits anodins, sortis d’un quotidien banal… puis au détour d’une page, d’une case, on croit apercevoir un autre monde, légèrement décalé, à peine visible mais qui se dévoile quelques secondes, sans qu’on s’y attende.
Un monde parfois très poétique, comme cette lune qui fond pour la plus grande gourmandise de deux enfants, ou ce semeur d’étoiles qui éclaire la nuit ou enlève les angoisses.
Un monde parfois plus absurde avec cette figurine convoitée par un brocanteur ou cet écrivain bloqué devant sa page blanche et son lutin des calebasses.
Un monde parfois plus tragique avec l’histoire cachée de cette glycine rongée par les vers.
Une multitude de mondes alliant légèreté, petite poche d’humour, mélancolie, sérénité, yôkai, onirisme, fantaisie, noirceur… Des mondes oscillant entre la lumière douce et apaisante des étoiles éclairant la nuit et l’obscurité de quelques âmes tourmentées, à un point qu’elles n’osent pas forcément s’avouer elles-mêmes. Il n’est pas toujours facile de suivre certaines histoires, avec une narration assez libre, légère, mais c’est ce qui permet en fait de créer cette ambiance si particulière qui pousse finalement le lecteur à continuer sa découverte au fil des nouvelles, ne sachant jamais ce qu’il va y trouver.
Shizuka Nakano est une auteure étonnante et même déconcertante, parvenant à insuffler beaucoup de poésie et de délicatesse à ses petites histoires qui ne payent pourtant pas de mine au premier abord. Ce Semeur d’étoiles ne laisse clairement pas indifférent et nous invite à plonger dans ce petit décalage entre deux mondes, sans préjugé, sans a priori, sans certitude…
Après tant d’attente, j’ai été un peu déçue par le Semeur d’étoiles, que j’ai trouvé moins poétique et entraînant que le Piqueur d’étoiles… C’est sûrement moi qui ai raté quelque chose et n’ai pas pu entrer dans l’univers de ce volume, mais j’ai regretté l’absence d’histoires plus terre-à-terre comme le dentiste ou la colocation qui se passe mal.
Ceci dit, graphiquement, c’est vrai que c’est très maîtrisé, bien plus que dans le précédent opus. Faudrait que je lui redonne sa chance, tiens ^^
Peut-être est-ce dû au fait que j’ai lu Le Semeur d’étoiles avant Le Piqueur d’étoiles mais j’ai moins accroché au deuxième pour ma part. C’est vrai aussi que l’ambiance entre les deux est un peu différente.
Pareil que Shermane. J’ai nettement préféré le Piqueur d’étoiles au Semeur d’étoiles. Les tonalités des deux étant différentes, effectivement, l’ordre de lecture doit avoir une influence sur le ressenti de celui qui suit l’autre 🙂
Je me souviens très peu du Piqueur, mais j’ai adoré le Semeur lorsqu’il est sorti. Je trouve qu’il y a eu pas mal de progression, notamment au niveau de la narration dans le deuxième recueil. Le premier était plus brouillon. Après, il y avait aussi le charme de la découverte, surtout graphique ;).