Volume unique par Emmanuel Guibert, paru chez L’Association en septembre 2016.
115 pages, 23,00€.
En 2012, L’Association nous avait permis de rencontrer Alan Ingram Cope, un vétéran américain de la seconde guerre mondiale, sous la plume d’Emmanuel Guibert au travers de deux volumes : La guerre d’Alan puis L’enfance d’Alan. En 2016, l’éditeur continue son exploration de la vie de cet homme passionnant, avec Martha & Alan.
Je n’ai pas relu les deux volumes précédents avant d’attaquer celui-là. Il me manque alors sans doute quelques briques ici et là mais rien qui empêche de plonger pleinement dans cette jolie histoire d’amitié entre les jeunes Alan et Martha, alors âgés de cinq ans lors de leur première rencontre à l’école. Nous sommes dans les années 1930 en Californie et les deux enfants deviennent rapidement inséparables.
Contrairement aux deux autres volumes, qui enchaînaient les cases en noir et blanc avec pas mal de textes racontant les souvenirs du vieil homme, Martha & Alan propose des pleines doubles pages couleurs avec juste quelques lignes expliquant brièvement le quotidien simple des deux amis au fil des anecdotes, des années qui passent. Les jeux dans les arbres, les cachotteries d’enfants, les heures passées à la chorale de l’église, toujours ensemble…
Et puis le quotidien qui change, les routes qui se séparent, les décisions qui continuent de faire mal des années après… Rien de grandiloquent, d’éminemment tragique, juste les petits cahots de la vie, avec évidemment la guerre en Europe en arrière-plan, qui va pousser le jeune homme à quitter son pays durant de longues années. Car Alan Ingram Cope a eu plusieurs vies, riches, pleines de rencontres… mais en fait il n’a jamais vraiment oublié Martha.
Et au hasard des amitiés passées, des connaissances qui se renouent quand les premiers effets de la vieillesse se font sentir, Alan retrouve Martha. Comme il avait retrouvé tant d’amis à la fin de La guerre d’Alan.
Le récit des souvenirs de cet attachant personnage qui nous a quitté en 1999 reste toujours un beau moment de lecture, plein de poésie et de simplicité. Le dessin d’Emmanuel Guibert, ici en couleurs et en pleine page, apporte toute sa douceur et sa délicatesse aux mots d’Alan. Ne cherchant jamais l’esbroufe ou le spectaculaire, juste la beauté et la magie d’un souvenir qui perdure au delà de la disparition de ses acteurs. Comme un instantané d’une vie, d’un jour, d’une ambiance que le dessinateur a su saisir pour en retranscrire le caractère éphémère et donc unique.
A noter qu’on a ici un volume à la couverture rigide, contrairement aux deux précédents à couverture souple.