Volume unique par Kotsubu Sakaki, édité en VF par Komikku en mai 2014, en VO par Nihon Bungeisha.
Sens de lecture japonais, 130x180mm, 175 pages, 7,90€.
Exit les vampires, loups-garous, zombies et autres dernières modes version manga. Un nouveau féroce prédateur est venu envahir vos étagères : le chat !
Eh oui, en plus d’être omniprésent sur le net – Maru, Grumpy Cat, Simon’s Cat et tant d’autres -, le voilà qui installe sa litière dans les librairies. Cela avait commencé avec le délirant What’s Michael ?! chez Glénat. Mais la folie féline n’avait alors pas encore commencé et il avait fallu attendre quelques années de maturité supplémentaires pour en voir la fin.
Puis tout s’est enchaîné : le coréen Cats (Milan), le chinois Niumao (Xiao Pan), l’adorable Chi (Glénat), le très beau (mais stoppé) Le périple de Voie lactée (Samji), le touristique Yanaka (komikku) et le classique Plum (Soleil Manga).
Komikku nous en propose un nouveau, en un volume, Oh My Cats ! de Kotsubu Sakaki. Encore un ? Mais qu’a-t-il de plus que les autres ? En fait, aussi étonnant que ça puisse paraître, il adopte le point de vue qui paraît le plus évident qui soit mais qui n’avait jusque-là (me semble-t-il) jamais été utilisé pour un manga. Celui d’une maîtres… euh propriét… non colocataire de chats qui raconte son quotidien avec ses deux félins.
La mangaka a deux chats : Bobo la mère, ex-chatte errante qui continue sa vie de caïd du quartier tout en acceptant le gîte et le couvert chez sa colocataire humaine (et éventuellement quelques gratouilles), Mini le fiston, ombrageux félin qui se prend pour le roi de la savane alors qu’il ne sort qu’en laisse, se faisant sinon régulièrement latter la tête par ses congénères dès qu’il met une patte seul dehors.
Le manga est une succession de chapitres et de strips 4 cases racontant une anecdote souvent tordante du quotidien de la mangaka tour à tour amusée, blasée, désabusée, vexée, ennuyée, attendrie par les habitudes de vie de ses deux poilus, sachant que Bobo ne craint pas d’utiliser ses dents lors de gratouilles non voulues et que Mini fuit son humaine avec toute la mauvaise humeur grognonne dont il est capable, n’ayant même pas la gratitude de l’estomac rempli.
Bref, le genre d’anecdotes que tous les habitués des chats et chiens peuvent vous sortir par centaines, racontée avec beaucoup d’auto-dérision et de lucidité sur le caractère foireux de cette colocation souvent frustrante certes mais également hilarante qui parlera forcément aux connaisseurs. Qui n’a jamais cru faire le cadeau parfait à son ami poilu en revenant avec LE jouet super beau ou LE panier trop douillet… pour finalement voir l’heureux destinataire tout foufou avec un bout de ficelle, une boule de papier froissé, une boîte en carton, délaissant avec mépris le super joujou chèrement payé (et totalement inutile).
Et les diverses tentatives d’amadouage de la mangaka pour se rapprocher de son orgueilleux Mini, qui fait tout son possible pour l’éviter, sont autant de techniques foireuses totalement délirantes qui pourraient rappeler un (lointain, très lointain) héritage ninja. Et ne parlons évidemment pas des dangereuses visites chez le pauvre vétérinaire…
Le dessin est simple et efficace, très expressif que ce soit dans le visage des humains désemparés face à des bestioles contrariantes ou dans l’attitude des félins rageurs, exaspérés, fiers ou complètement cons. Les chapitres sont courts et bien rythmés, ne laissant pas la monotonie s’installer.
Bref, pas besoin d’en faire des tonnes. J’ai adoré ce portrait, certes classique (un chat reste un chat), du quotidien de la cohabitation humains/félins, bourré d’humour, de tendresse et de beaucoup d’amour, même s’ils le rendent souvent assez mal (après tout, du moment qu’ils ont à manger, le reste…). Cela ne parlera certainement qu’aux cat-addicts (dont je suis même si j’ai seulement deux chiens) mais avec un seul volume, bien rempli et jamais répétitif, on a là un bon petit titre drôle et attachant.
(Ne loupez pas le double flip book en bas des pages. Je suis fan !!)