19 juillet 2021

La Tortue rouge

Film d’animation de Michael Dudok de Wit, 1h20.
Sorti en salles en France le 29 juin 2016, prévu en DVD/Blu-ray le 7 décembre 2016.

Attendu depuis des années, c’est enfin en 2016 que sort le premier long métrage de Michael Dudok de Wit, jusque-là connu (et reconnu) pour ses courts comme Le Moine et le poisson ou Father and daughter.

La Tortue rougeLa Tortue rouge débute au milieu de l’océan déchaîné. Un homme tente de survivre aux vagues et finit par échouer sur une petite île déserte. Refusant de s’avouer vaincu, il va d’abord tout faire pour quitter son bout de terre couvert de bambous avant de…

Après neuf ans de travail, Michael Dudok de Wit peut enfin nous dévoiler son premier long métrage, La Tortue rouge. Et le résultat est très beau.
Comme l’indique une première image où apparaît le logo du studio Ghibli et son fameux Totoro mais sur fond rouge (et non bleu), le réalisateur néerlandais a pu compter sur Isao Takahata en tant que directeur artistique et Toshio Suzuki comme producteur. Pour autant, le film est entièrement européen. Ghibli a clairement insisté sur le fait que c’était la création de Michael Dudok de Wit à part entière.
Et pourtant, je ne peux m’empêcher dès la séance terminée à trouver des petites touches de La princesse Kaguya dans La Tortue rouge, notamment dans son ambiance et dans ce qu’il dégage, son rythme, sa fin. Comme une même finesse des ressentis.

Cet homme sur son île n’a rien de Robinson Crusoë. Il ne reproduit pas son habitat, ne créé rien de spécial, ne cherche pas à reconstruire un coin de civilisation sur son bout de terre. Qu’il cherche surtout à quitter dès qu’il le peut avant tout. Prêt à braver tous les dangers pour partir.
La Tortue rouge a tout d’un conte, d’une fable. Le film est entièrement muet, permettant de se concentrer sur ce que ressent le personnage : sa panique face à sa situation, face à une île qui n’a en soi rien à lui offrir. Sa terreur dans certaines épreuves, particulièrement bien retranscrite, notamment par la musique. Son sentiment de solitude vraiment absolue, loin de tout, face à l’immensité de l’océan. Par sa réalisation sobre et sans aucune fioriture, le réalisateur permet de d’exprimer beaucoup de profondeur, avec subtilité, poésie et même grâce par moment.
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Tout d’un conte, d’une fable car on ne sait rien de cet homme : on n’a aucune réelle idée de l’époque (quelques petits indices, sans plus), de la localisation de l’île. Cela pourrait être n’importe quel coin tropical, n’importe quelle mer, n’importe quand. Ce n’est pas important.

Impossible d’en dire plus sans trop dévoiler le point de retournement du film qui change évidemment tout dans la dynamique du personnage, ses motivations… mais développe d’autant plus le thème de l’histoire. Un homme face à une île, face à lui-même, ses peurs, ses limites, ses erreurs aussi. Le temps qui passe, la vie et la mort qui se succèdent. Il y a un côté très contemplatif dans ce film, chargé en ressentis, avec beaucoup de finesse, créant une ambiance presque onirique.
L’animation est belle, assez fine, cherchant là aussi l’essence du mouvement, quelque chose de direct, de simple et de poignant.
Le tout est en fait très épuré, ne s’attachant qu’à l’essentiel, cherchant à faire ressentir, reconnaître la simplicité brute de la vie de cet homme. Il est là sur son île, il survit, et au final il vit. Donnant alors un rendu très frais, direct, immédiat et profond en même temps.
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Je regrette de n’avoir pas vu le film avant d’avoir rencontré le réalisateur lors de la projection du documentaire qui lui était consacré au Festival d’Annecy car j’aurais pu le remercier pour cette très belle plongée dans la vie de cet homme. Une plongée sobre et simple, émouvante, tendre, qui laisse une petite boule dans la gorge quand le générique de fin apparaît.

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