20 juillet 2021

Moyasimon vol. 1

Série en 13 tomes par Masayuki Ishikawa, éditée en VF par Glénat, en VO par Kodansha.
Sens de lecture japonais, 130x180mm, 9,15€.
Premier tome sorti en octobre 2014, 224 pages.

Vous vous sentez l’âme d’un microbiologiste mais tous les livres scientifiques sur le sujet vous tombent des mains ? Ça tombe bien, Glénat vous propose d’en apprendre un peu plus sur l’infiniment petit avec Moyasimon de Masayuki Ishikawa.

moyasimon01Tadayasu Sawaki et Kei Yuki, amis d’enfance, font leur rentrée en 1ère année dans une université agricole de Tokyo. Ils ne plongent pas radicalement dans un monde inconnu puisque leurs familles respectives travaillent dans la fabrication du saké. Mais dès leur premier jour, leur rencontre avec l’étonnant Keizo Itsuki, professeur à la faculté d’agronomie passionné par tout ce qui concerne la fermentation, va rendre le début de leurs études mouvementé. Surtout pour Sawaki, qui a l’étonnant pouvoir de voir les microbes…

Quand Silver Spoon rencontre Manga Science
Si la couverture de ce premier tome n’est guère accrocheuse et que le titre n’est pas trop parlant, un premier feuilletage permet déjà de se rendre compte que l’auteur maîtrise son coup de crayon, le dessin étant très agréable à l’œil, immédiatement sympathique, travaillé et développé sans être lourd. Car il y a de quoi largement remplir les cases.
Ainsi, on s’intéresse ici plus à ce qu’on ne peut (normalement) pas voir à l’œil nu qu’au bétail ou aux cultures céréalières. Dès le premier chapitre, on est mis au parfum (mauvais jeu de mot !!) et on remercie la technologie de ne pas encore avoir inventé les mangas odorants.
Plantons le décor : un cadavre de phoque enterré rempli d’oiseaux morts en pleine fermentation. Histoire de ne pas choquer les estomacs fragiles, je préfère éviter de divulguer la finalité de cette expérience scientifique qui permet en tout cas la rencontre du professeur Itsuki et des deux jeunes étudiants. Le malheureux Sawaki a alors déjà là l’occasion de laisser s’exprimer son don : celui de voir les micro-organismes, microbes, ferments, levures, bactéries et autres sympathiques poussières de vie sans qui notre quotidien serait bien différent. Qu’ils nous refilent des maladies, permettent la fabrication des alcools, nous aident à digérer ou nous donnent les antibiotiques, ces minuscules organismes sont au cœur de ce manga… sous forme très imagée de petits personnages que l’auteur prend toujours la peine de bien présenter avec des notes drôles et originales en bord de page, et non en barbantes et illisibles notes de bas de page qu’on n’a jamais envie de lire.

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On pourrait craindre se retrouver là face à un manga particulièrement ennuyeux, verbeux et illisible, il n’en est rien, grâce notamment à la galerie de personnages hyper attachants, de Sawaki au professeur Itsuki en passant par Hasegawa la redoutable étudiante de 3ème cycle ou le duo terrible Misato et Kawahama, deux 2ème année adeptes des plans foireux et des idées débiles.
Comme dans Silver Spoon, on est ici dans un manga du quotidien, sans gros boost d’adrénaline ou de méchants ennemis sans foi ni loi. Le propos est totalement à la détente tout en restant instructif, expliquant le rôle des divers micro-organismes présentés toujours de manière ludique. Si le professeur Itsuki commence à partir dans ses longs monologues universitaires, les diverses réactions des étudiants ont largement de quoi limiter le solennel de l’instant. Et les visions parfois éprouvantes du pauvre Sawaki face à des vagues de microbes qui lui tombent sur la tronche, que ce soit dans la chambre d’un étudiant peu regardant sur l’hygiène ou dans un hôpital où les maladies nosocomiales n’attendent qu’un instant d’inattention pour se faire plaisir, sont autant de moments mémorables.

Car le gros point fort du manga reste son humour souvent ravageur. Cela ne paraît pas évident comme ça mais la fermentation peut être extrêmement drôle quand on sait la mettre en scène efficacement, comme lors d’une dégustation d’un plat dont l’odeur ferait apparemment passer le maroilles pour du Babybel. Les réactions des personnages, très expressifs, leurs mimiques, leurs dialogues, n’ont absolument pas besoin du son pour se faire parfaitement comprendre…
Ne sautez d’ailleurs pas les petits textes en bordure de page, même s’ils reviennent toujours sur les mêmes personnages, humains ou microbiens, ils sont à chaque fois différents et souvent drôles, permettant de se repérer notamment sur les capacités des organismes présents dans la page en question. Avec un petit côté “Où est Charlie ?” parfois pour retrouver le microbe en question dans le dessin…

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Bref, ce premier volume est un sacrée bonne découverte, très originale, fraîche, sympathique, prenante, instructive, très rythmée, délirante et hilarante, ne se prenant jamais au sérieux. Quand on voit ce qui arrive au pauvre Sawaki au bout de seulement deux jours avant même que les cours ne commencent vraiment, on est forcément curieux de savoir ce que la suite va lui réserver, quelles surprises le professeur Itsuki va lui préparer et s’il va réussir à survivre à ses études.
Ça tombe bien, la série compte 13 volumes en tout et le tome 2 est annoncé pour le 19 novembre.

4 réflexions sur « Moyasimon vol. 1 »

  1. “un cadavre de phoque enterré rempli d’oiseaux morts en pleine fermentation”
    laisse moi deviner…du Kiviak ? 😀
    Moyasimon c’est vraiment pas le manga que j’attendais à voir en France (quoique avec les bons échos de Silver Spoon c’était sans doute un poil prévisible ?). J’avais jeté un oeil au drama qui était sympa mais que je n’avais pas vraiment poussé. Par contre j’avais beaucoup aimé les microbes et leurs bouilles sympas (pas sur que dans la vrai vie sous un microscope je les trouve aussi mignon).

  2. Impatiente de le lire ^___^ . Ca m’a toujours intriguée mais moi et ma flemme légendaire pour voir des anime et lire en ligne font que c’est désormais sorti! J’adore la couverture pour ma part, je suis contente qu’elle ne soit pas vernie comme d’habitude 🙂 . Je trouve les microbes trop mimi aussi!

  3. Au contraire, c’est la couverture et le titre qui m’ont interpellée.
    Les microbes aussi, quand ils sont aussi mignons.

    Par contre, je ne sais pas du tout à quoi m’attendre pour la suite. Les personnages m’ont paru cliché et le dessin (ou plutôt, les proportions) pas encore pleinement maîtrisé.
    Du coup, j’avoue, il m’est arrivé de tourner les pages à toute vitesse malgré tout l’intérêt des petites explications sur les marges.

    A voir au volume 2 🙂

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