10 décembre 2022

Bye bye, my brother

Volume unique par Yoshihiro Yanagawa, édité en VF par Sakka, en VO par Shogakukan.
Sens de lecture japonais, 130x180mm, 7,95€.

Bye bye, my brotherBye bye, my brother est le premier manga de Yoshihiro Yanagawa que l’on peut découvrir en France bien que le mangaka ne soit pas un débutant au Japon, ayant commencé sa carrière à la fin des années 80 après avoir été notamment l’assistant de Tsukasa Hojo. Difficile donc de définir le style de l’auteur en un volume mais Bye bye, my brother nous est ici présenté comme son œuvre la plus personnelle, ayant d’ailleurs eu beaucoup de mal à se faire publier dans son pays d’origine. Yanagawa a ainsi tenté sa chance auprès de divers éditeurs jusqu’à ce que Shogakukan le remarque grâce à un concours du magazine Ikki en 2011.
Et on peut le comprendre, tant ce manga ne rentre dans aucune case, ne cible précisément aucun public, n’est pas calibré, Yanagawa cherchant simplement à raconter une histoire qui lui tient à cœur en y injectant ce qu’il a pu éprouver au fil des années, s’adressant finalement à tous sans distinction, pouvant plaire sur différents niveaux.

On n’est pas ici dans le milieu du manga mais celui de la boxe. Nido, ancienne gloire promise à un grand avenir de champion avant une vilaine blessure à la jambe, n’est plus que l’ombre de lui-même. Enfant abandonné, il s’était alors tellement endurci pour survivre qu’il en avait négligé son petit frère, plus fragile que lui. Culpabilisant de ne pas avoir su le protéger, bien qu’il n’était alors lui-même qu’un enfant aux épaules trop faibles pour supporter un tel poids, c’est en découvrant la boxe qu’il avait pu en quelque sorte renaître, reprendre goût à la vie, retrouver l’envie et la hargne d’avancer. Sa jambe amochée allait doucher toutes ses ambitions et le renvoyer dans les cordes, un “cerf-volant dont le fil est coupé”, ne sachant ni aller ni où se poser, trimballant toujours les souvenirs de son frère comme autant de symboles de ses erreurs pour lesquelles il ne peut rien changer.
Mais une nouvelle chance lui est offerte quand il rencontre par hasard Jirô, jeune boxeur prometteur qui lui fait inévitablement penser à son jeune frère. Un oisillon à prendre sous son aile, envers et contre tout, quitte à y risquer sa vie. Le dieu de la mort, qui le garde à l’œil depuis des années, n’est en effet jamais bien loin, tentant même de l’influencer dans ses choix, ne faisant alors que le conforter dans ce qu’il souhaite vraiment.

Le destin de Nido, a priori tragique, ne joue néanmoins pas sur le pur mélo, l’ex-boxeur n’étant pas du genre à s’apitoyer sur son sort, traînant simplement une grosse charge de culpabilité, qui l’empêche d’accepter de saisir les nouvelles chances que la vie lui offre… Mais il n’est pas le seul dans ce cas, que ce soit Jirô le nouvel espoir ou Umiko l’assistante sociale de l’histoire bonus revenant sur l’enfance de Nido. Tous se sentent coupables de mauvaises décisions, de la perte de ceux qu’ils aiment, de destin brisé, mais tous se retrouvent confrontés à un nouveau choix, une nouvelle chance, qui les dépasse et fait passer le bonheur des autres avant le leur, leur permettant de s’élever au dessus de leur souffrance, de leur tristesse, de leurs erreurs, de leur passé.
Au delà des tragédies et des petits drames du quotidien qu’ils connaissent tous, c’est toujours vers l’espoir d’une vie meilleure que l’auteur les amène, à force d’efforts, d’altruisme, de générosité. On n’est pas pour autant dans un manga niaiseux, mielleux, sans personnalité au delà de quelques bons sentiments balancés là, mais plutôt dans un récit à la fois doux et dur, émouvant et joyeux, contemplatif et énergique, plein de paradoxes, de hauts et de bas, de rencontres étonnantes qui peuvent bouleverser des existences. Un récit d’autant plus attachant que l’auteur a choisi de mettre en scène des personnages anthropomorphes  mi-hommes, mi-chats, les rendant d’autant plus expressifs (les yeux, les oreilles, la fourrure, la queue) tout en nous permettant un certain recul.
Difficile également de ne pas craquer devant le trait délicat et subtil de Yanagawa, parvenant à donner une véritable âme à ses personnages félins, débordant d’énergie face à l’adversité tout en ne niant pas la difficulté de certaines décisions, demandant efforts, courage et sacrifice pour un résultat incertain, pour la survie d’un rêve.

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Bye bye my brother est le genre de manga qui se relit avec plaisir, ne dégageant aucune amertume ou aigreur malgré les embûches qui parsèment la route de ses personnages atypiques pleins d’énergie. Une belle découverte, simple et sincère.

Pour découvrir cette œuvre, petit tour sur le blog de l’adaptateur de la version française qui a consacré plusieurs billets à Yoshihiro Yanagawa.

2 réflexions sur « Bye bye, my brother »

  1. Belle chronique, me donnant envie de relire le manga. Cela me changerait de l’humour crétin et de répétition (j’adooore !) de Sergent Keroro. Une fois de plus, on voit que le manga est composé de tellement de facettes qu’il est toujours abusif de faire des généralisations:)

  2. Ping : Bye bye, my brother : la revue de presse [Up du 11/05] | 192 Pages, Noir & Blanc

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