1 février 2023

Festival d’Annecy 2016 : la curiosité

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Comme chaque année depuis 2002, une semaine de mon mois de juin est consacrée au Festival International du Film d’Animation d’Annecy. 2016 marquera donc ma quinzième édition mais cette fois-ci encore plus que l’année dernière, je suis en mode minimal.
Ayant eu pas mal de boulot ces dernières semaines, je n’ai pas pu aller en ville pour mes repérages habituels et le temps capricieux de ce printemps 2016 n’a clairement pas aidé. Nous voilà dimanche matin, le ciel est très nuageux, le soleil tente des percées et je me pèle grave sur ma terrasse (OK, dit comme ça, ça fait un peu chouinerie de privilégiée, je vous l’accorde).

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“Rares averses” = “50 à 90% de vous prendre la pluie”

En tout cas la météo annoncée pour la semaine prochaine n’est pas très réjouissante : la pluie implique que des milliers de festivaliers se retrouvent à se retrancher dans des lieux abrités, ce qui risque d’exacerber le sentiment de foule. Et la foule, je n’aime pas ça. Du tout.
En fait, je me suis rendu compte qu’une partie de ma mauvaise humeur de ces derniers jours venait sans doute de mon stress à l’idée de devoir de nouveau gérer mon agoraphobie durant cinq jours immergée dans la foule. Les files d’attente du Festival ont beau être des modèles de bonne humeur et de calme, elles n’en restent pas moins ce qui se rapproche le plus de mon idée de l’enfer.

Et là, vous vous dites “Mais pourquoi tu y vas alors, andouille ?” Parce qu’en tant qu’être humain, je suis pleine de paradoxes et que même si la foule me fait suffoquer et m’angoisse, le Festival en lui-même est un événement qui me touche beaucoup. Découvrir des œuvres inventives, originales, intimes, intelligentes, drôles, belles, avec la possibilité d’en discuter avec leurs créateurs/trices, c’est magique.
Ce Festival est pour moi le symbole de cette curiosité dont je vous rabâche les oreilles depuis 2001. Que les imbéciles méprisants continuent de regarder avec dédain l’animation et la BD si ça leur chante, en pensant que ça ne peut être qu’un truc pour gamins décérébrés, pour moi voir toute une salle remplie de personnes de tout âge, de tout horizon, rire, applaudir et s’émouvoir devant ces images animées sur l’écran est un bonheur sans cesse renouvelé. Cette énergie créatrice, joyeuse, bouillonnante qui envahit les rues du centre ville (dans l’incompréhension totale de la majorité des annéciens, il faut le dire), me fait triper depuis 2002 et mes 14 premières éditions ont été l’occasion de belles rencontres, dé découvertes fortes, d’enrichissement personnel intense… même si après coup, il me faut quelques semaines pour m’en remettre, mon hypersensibilité ayant été beaucoup trop stimulée.
(Bon avec l’Euro, le Festival risque d’être un peu planqué dans Annecy mais passons.)

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Ha ha ha… Hum…

Vous le savez, mon mot fétiche, c’est curiosité. C’est ce qui me porte, me fait bouger, me motive. Quand je ne vais pas bien, c’est d’abord mon envie de découvrir qui est en berne (je ne sais pas si c’est la cause ou la conséquence, par contre). Si ça me joue des tours puisque j’ai tendance à me disperser dans mes intérêts et que lire 4 bouquins en même temps, c’est quand même le meilleur moyen de n’en finir aucun, cela reste le truc qui me paraît fondamental, vital, même. Le truc numéro 1 à développer chez les gamins à l’école.
La curiosité, c’est ce qui permet l’esprit critique, le libre arbitre, l’ouverture d’esprit, la tolérance, l’empathie, la compassion. La curiosité, c’est un moteur pour apprendre et grandir. Si les dictatures et les fascistes commencent toujours par s’attaquer à la culture, aux livres, aux œuvres d’art, aux sciences humaines, c’est justement pour tuer toute curiosité, tout ce qui risque de mettre à mal leur haine et leur brutalité aveugle.
La curiosité c’est ce qui permet de voir par les yeux de l’autre et de mieux le comprendre, même si on n’est pas d’accord avec lui. Pour se rendre compte que rien n’est manichéen et que les interprétations simplistes qu’on nous sert sur un plateau à longueur de temps ne sont là que pour mieux nous manipuler et nous faire aller dans le sens qui arrange certains (non, je ne parle pas de théories du complot, les conspirationnistes passez votre chemin).
Bref, tout ça pour dire : cultivons notre curiosité, chacun.e selon ses possibilités, ses centres d’intérêt. La curiosité n’est pas un bloc unique, elle est multiple, vivante, désordonnée, illimitée.

Où en étais-je ?
Ah oui, le Festival d’Annecy…

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Pas fan de l’affiche 2016 mais bon…

N’étant plus accréditée presse désormais mais payant mon entrée comme tout le monde, je me sens en fait beaucoup mieux. Je me trouve nettement plus à ma place, simple participante fan d’animation qui n’a de compte à rendre à personne. Toujours ce fichu sentiment d’illégitimité qui couve…

Par contre, ma santé tant physique que psychologique étant ce qu’elle est, je suis obligée de me limiter niveau séances. Ce qui est très compliqué vu la multitude de choses à voir. Dans l’idéal, je ne devrais pas dépasser deux séances par jour. Ouch. Je vous laisse cliquer sur ce lien pour voir toute la richesse du programme…

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Le kit du festivalier

L’avantage, c’est que tout est numérique désormais et qu’on peut donc changer ses séances durant toute la semaine. Je tiens à faire la séance de Work In Progress de l’adaptation du manga Dans un recoin de ce monde de Fumiyo Kouno, et les cinq séances des courts métrages en compétition. Il y a aussi des rencontres avec le compositeur Bruno Coulais et le réalisateur Guillermo del Toro qui peuvent être intéressantes. Pour le reste… je verrai au fur et à mesure si je suis mon planning ou si j’ajuste, en tentant de garder les oreilles grandes ouvertes. Je compte bien faire les petits dej du court les matins mais les horaires parfois matinaux de mes séances risquent d’empiéter un peu. J’essaie d’y aller sans trop prévoir pour ne pas me stresser sur les horaires et être autant que possible dans la spontanéité et la flexibilité.

Comme d’habitude je vous ferai des comptes rendus quotidiens, avec des chroniques à part pour les longs métrages si jamais. Je cherche depuis 14 ans comment proposer un suivi fun et sympa, original mais je n’ai encore pas trouvé la formule magique alors on va se contenter d’être simple.
Je posterai sans doute aussi sur Twitter, quand je trouverai un accès Wifi potable. Et comme je serai en ville, il y a de fortes chances que je me ruine en bouquins…
Il n’y aura bien sûr pas les deux chroniques BD habituelles mais ça reprendra dès la semaine suivante.

Bon voilà, je suis parée. J’ai été chercher mon kit Festival, avec les indispensables guides et mon badge. Il a déjà fallu slalomer sous la pluie et commencer les files d’attente mais je m’en suis bien sortie. Pendant que j’attendais, j’ai entendu qu’il y avait eu 8000 accréditations cette année. Un record apparemment.

J’avoue qu’une fois mon accréditation retirée après 20 mn de queue, mon pass bus acheté et quelques photos prises, je ne me suis pas attardée. Ça caille, il pleut et il faut bien reconnaître qu’Annecy un dimanche après-midi sous la pluie, ce n’est pas franchement festif : tout est fermé.

Je dois également avouer que j’ai du mal à finir ce billet tandis qu’on apprend petit à petit l’étendue du massacre dans un club gay à Orlando en Floride. J’ai le cœur lourd. Les LGBTphobies continuent de tuer.

Alors j’en reste là et je vous donne rendez-vous demain pour le premier jour de Festival.

6 réflexions sur « Festival d’Annecy 2016 : la curiosité »

  1. D’avance merci ! 🙂 Chaque année c’est un plaisir de lire tes billets sur ce festival – les autres aussi hein – mais ça me donne toujours une furieuse envie d’aller voir plein de choses et j’aime bien ça. Faudra quand même qu’un jour je trouve le moyen d’aller tester en vrai :p

    1. Merci ! 🙂 Bon je me rends compte que désormais mes comptes rendus ne parlent plus trop d’animation, que je réserve pour le billet de bilan et les chroniques de longs métrages… Oups !

  2. Bienvenue à Annecy et bonne semaine de festival. Il fera meilleur à l’intérieur des salles que dehors à priori vu la météo !

  3. Sympa de voir quelques photos du nouveau Bonlieu. J’ai songé à venir faire un (petit) tour au FIFA cette année, histoire de voir les changements. Puis mon emploi du temps est venu contrarier cette idée. Puis je vois le temps qu’il va faire sur Annecy, et je me dis que 2017, ça sera pas mal, tout compte fait.

    En tout cas, merci pour tes billets, c’est toujours aussi plaisant à lire 🙂

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